Adon: une Histoire

Histoire d'Adon, un village du Loiret

posté le 07/08/11

Avant Propos

 

 

 

Ce site est destiné à rassembler en un seul lieu, une mosaïque d'informations, souvent très précises et détaillées, mais parcellaires, sur l'histoire ancienne, voire très ancienne, du village. Nous nous sommes également attachés à présenter, autant que possible, une description thématique et chronologique, de manière à offrir un panorama plus ouvert.

 

 Photo: A déterminer

Adon vu du ciel

Les sources utilisées sont très diverses ; beaucoup ont été utilisées en l'état, d'autres retravaillées afin de satisfaire à une lecture que nous espérons plus moderne et plus claire. Une part importante du début est consacré à la recherche étymologique qui nous a semblé particulièrement intéressante, et avons élargi notre intérêt au voisinage des communes environnantes, puisque leurs destins ont souvent été communs, voire liés.

 

A quelques exceptions, nous ne rendons pas compte, pour l'instant, de l'histoire contemporaine  (20e et 21e siècles) qui fera l'objet, petit à petit, de mises à jour ultérieures.

 

Nous souhaitons rendre un hommage appuyé à tous les contributeurs, au premier rang desquels il faut citer Jean Agoutin, Paul Gache, la Société archéologique et historique de l'Orléanais, la Société historique et archéologique du Gatinais, la Société d'Emulation de Montargis (SEM), etc.  dont les membres depuis plus d'un siècle, ne comptent pas leurs efforts pour approfondir sans cesse les connaissances historiques de notre région.

 

Le document de 1949 laissé par Solange Rameau-Decencière Ferrandière, fille cadette de Edmond Rameau de St Père, est naturellement une très grande source d'informations. Publié par la SEM en 2003, en y apportant quelques précisons, il est parfois un peu confus et ne comporte aucune source vérifiable a priori. Cependant, l'examen minutieux des archives municipales, et des archives privées de la famille Bourgeois/Rameau de St Père léguées à la municipalité,  permettent de confirmer la quasi totalité des informations qui y sont détaillées, malgré  quelques imprécisions ici et là, voire de légères confusions de dates, de lieux ou de personnes. 

 

Ces pages ont été essentielles et constituent par conséquent l'ossature  de cet ouvrage!

 

 Adon et ses habitants en 1908                                                                                                                                                                                                                                             De même, les archives léguées par Madame Hypolytte (petite fille de Edmond Rameau de St Père et nièce de Solange Rameau-Decencière Ferrandière) à la commune d'Adon retraçant notamment une bonne partie de l'histoire de la chapelle Ste Berthe et des terrains environnants depuis 1458 jusqu'à la Révolution sont d'une richesse inestimable.

 

 

La destruction du fond  ancien des archives du Loiret lors de l'incendie du dépôt en 1940 nous laisse orphelins d'un grand nombre d'informations et de documents, et beaucoup des sources malgré tout disponibles, viennent des recherches et écrits précédant cette date.

 

Il faut également remercier chaleureusement les habitants d'Adon, d'hier ou d'aujourd'hui, qui ont bien voulu nous faire partager leurs souvenirs, leurs archives ou leur connaissance du terrain, chacun contibuant  à trouver et assembler les  pièces du puzzle que nous tentons de reconstituer.

 

Afin que ce récit soit le plus crédible possible, nous indiquons donc toutes les sources que nous avons pu identifier, et nous excusons par avance auprès de celles que nous aurions omises ou que nous n'avons pas pu identifier.

 

Enfin, l'histoire n'étant pas une science exacte, ni définitive, nous accueillerons avec grand intérêt toutes informations complémentaires, ou contradictoires, sur l'histoire d'Adon, que les lecteurs voudront bien nous transmettre et qui pourront faire l'objet de mises à jour.

 

 

 

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Les photos  des actes (baptêmes, mariages et sépultures) d'Adon sont toutes dues à la patience de Jacky GUILLET qui les a numérisés à Adon et aux Archives Départementales du Loiret en 2009 et 2010 .

 

 

Toutes les autres photos du site sans crédit sont de l'auteur ou libres de droit.

 

 

La reproduction sans autorisation de photos ou du texte est interdite sauf dans le cadre d'une utilisation purement privée et gratuite

 

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Commentaires

 

1. Thomas56  le 27-03-2012 à 13:53:42

Ce projet est très intéressant, votre travail est remarquable.

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posté le 07/08/11


Introduction

 

A quoi ?

 

Adon : commune du loiret. Code Postal : 45230  178 habitants. Agriculture, Chasse.

 

Voilà une description un peu laconique et pourtant assez commune, lorsque on tape ADON sur un moteur de recherche sur Internet ; d'autant que le village d'Adon est bien peu connu, en dehors de sa région proche : tous les nouveaux Adonnais ont entendu au moins une fois : « vous habitez A quoi ? »

 

 

Vue aérienne d’Adon

  
 

 

Et pourtant, pour petit qu'il soit aujourd'hui (178 habitants en 2009), ce village tranquille a une histoire, qui certes ne lui appartient pas toujours en propre puisque la plus part des évènements historiques connus ont été subis, mais néanmoins bien réelle.

 

Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'Adon, et bien sur, son voisinage direct, depuis des temps très anciens, est au bout de tout, que ce soit géographiquement, ou administrativement.

D'ailleurs le village voisin (3 km à l'est) de Feins en Gâtinais, exprime parfaitement ce fait. Feins est en effet un terme issu du mot latin « Fines » qui, à l'époque romaine, désignait des stations, probablement des relais de poste, aux confins de deux cités ou régions (1). On en dénombre 17 en France.

 

Adon est donc relativement isolé aux temps préhistoriques du fait de sa géographie très marécageuse. Puis au temps des Celtes et des Gaulois, Adon est aux frontières des royaumes Carnutes, Eduens et Sénons, peuple dont Adon faisait partie. Sous les Romains puis sous les Francs, le scénario se répète encore, entre la Neustrie et la Bourgogne.

Puis ce fut entre le Royaume de France et le duché de Bourgogne...

 

Sur le plan de l'organisation religieuse, Adon est également aux confins des diocèses de Sens, Auxerre et Orléans., (Au début de l'organisation de l'Eglise Catholique, ces 3 diocèses, auquel il faut rajouter ceux de Paris puis de Nevers, dépendait tous de l'Archi-Diocèse de Sens dont l'Evêque était également Comte : c'est dire son immense influence à l'époque).

 

Quant à savoir si Adon est historiquement dans le Gâtinais ou dans la Puisaye, deux régions aux contours un peu flous, les tenants de l'un et de l'autre peuvent en débattre pendant des heures...

 

Néanmoins, s'il y a une chose dont on peut être certain, c'est qu'Adon est profondément ancré dans son patrimoine agricole. En effet, les terres  d'Adon se sont avérées très fertiles, particulièrement après la prise de conscience de l'impérieuse nécessité du drainage.

 

Ainsi que nous le verrons dans un autre chapître, toute l'histoire territoriale du village des 700 dernières années n'est tournée que vers un seul but : la concentration de la propriété qui commença avec quelques dizaines d'hectares au XIVe siècle pour culminer aujourd'hui avec des propriétés de plusieurs centaines, voire de milliers d'hectares.

 

 

 

1) Les noms de lieu de la France: leur origine, leur signification, leurs transformations,  Auguste Longnon Éditeur Ayer Publishing, 1973

 

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posté le 09/08/11


Chapitre I -  Les Origines

 

Les Origines Etymologiques (et mythologiques !)

 

Les origines étymologiques du nom du village sont très anciennes. Beaucoup seront sans doute surpris d'apprendre que le vocable ADON a été formé il y a près de 3 500 ans !

 

En effet, ce mot remonte à des civilisations très anciennes qui formaient le Moyen Orient de l'époque, berceau des premiers alphabets écrits et source de tous ceux qui ont suivi en Occident, ADON est un terme parfaitement identifié d'une des langues Sémitiques du Nord-Ouest appelée aujourd'hui « Ougaritique ».

 

L'écriture Ougaritique est attestée par des tablettes datées des 14e et 13e s. avant JC et découvertes lors de fouilles en 1928 -1929 à Ougarit, actuellement Ras Shamra, sur la côte méditerranéenne de la Syrie. Cette langue était parlée et écrite par les peuples d'Israël, de Syrie, de Jordanie, du Liban, et du Sinaï. 

 

On a donc retrouvé, parmi beaucoup d'autres, le mot Adon (base a-d-n), dont la signification a été transcrite en « Seigneur » ou « Maître ». Comme on le verra par la suite, depuis cette époque, sous une forme ou une autre, ce terme qui désignait avant tout un titre plutôt qu'un nom, a eu une vocation essentiellement religieuse.

 

Site archéologique d’Ougarit (Ras Shamra- Syrie)

  Source : http://antikforever.com/Syrie-Palestine/Phenicien%20Cananeen/ougarit.htm

 

 

 

 

 

  

Alphabet ougaritique découvert sur le site d'Ugarit. Pas plus gros qu'un doigt, on suppose qu'il servait de matériel pédagogique. Mais le fait essentiel est que l'ordre des lettres est le même qu'en phénicien, ce qui fonde l'hypothèse d'une origine commune.  Musée national, Damas.         Source : Jacques Poitou     http://j.poitou.free.fr/pro/html/scr/alpha.html

 

 

 

 

Signes Ougaritiques définis dans Unicode (U+10380 - U+1039F) réalisés ici avec la police Aegean Valeur phonique selon Healey in Bonfante, Chadwik et al. (1994 : 273).Source : Jacques Poitou

 

 

On peut d'ailleurs faire un rapprochement avec un nom généralement plus connu du grand public, qui a la même signification, et dont on a retrouvé les traces au même endroit : Baal. C'est ainsi que certains rois de la région (au sens large, puisque de Carthage (Tunisie) à Babylone (Irak)...) pendant des siècles, ont eu leur noms précédés soit de Adon, soit de Baal, les deux termes couvrant le même titre de « Seigneur ».

 

Dans le Tanakh (ensemble des livres religieux juifs incluant la Torah, , le nom d'Adon est souvent employé pour désigner soit des hommes soit des anges, au même titre d'ailleurs que  « EL », ou « Dieu » appelé « le Seigneur des Seigneurs ». (Deutéronome 10:17)

(« EL » est un terme qui a donné naissance à un très grand nombre de noms de prophètes ou de Dieux au Moyen Orient : "Elah," "Allah," "Elahona," "Eloh," "Elohaino," "Eli," "Eloi," "Elohak",...)

 

Par ailleurs, Adonaï, traduisible par "Mon Seigneur", dans les écrits Massorétiques de la religion juive, est utilisé comme substitut pour se référer au YAHVE de la bible Hébraïque, (puisque, selon la tradition ancienne, ce nom sacré ne peut pas être prononcé par l'homme).

 

 

 


 Stèle de Baal au foudre, 15e-13e siècles avant JC, trouvée à Ras Shamra (Ugarit), musée du Louvre  Paris

 

 

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posté le 09/08/11


Le Dieu Adon

 

 

Dans l'antiquité, à travers tout le moyen Orient et jusqu'en Grèce, les cultes de Dieux quasiment identiques se sont répandus au travers de frontières élastiques et mouvantes.

En effet, bien que les noms des Dieux fussent différents, ils se référaient tous plus ou moins à une  mythologie commune. Pour ce qui nous concerne, il s'agit d'Adon notamment en Phénicie (aujourd'hui, Syrie et Liban), devenu ensuite Canaan, au temps de l'installation du peuple hébreu dans la région. Mais à Babylone et à Sumer (les deux formant aujourd'hui l'Irak) ce dieu avait pour nom Tammuz.

 

Ainsi, au chapitre 8 du livre d'Ezéchiel (l'un des prophètes dans l'Ancien Testament), on trouve le texte suivant :

 

...Et il me dit: Tu verras encore d`autres grandes abominations qu`ils commettent. 14 Et il me conduisit à l`entrée de la porte de la maison de l`Éternel, du côté du septentrion. Et voici, il y avait là des femmes assises, qui pleuraient Tammuz. 15 Et il me dit: Vois-tu, fils de l`homme?...

 

 

Prise de Jérusalem pae Nabuchodonosor II

 

 

Rappelons que le livre d'Ézéchiel a été écrit par le prophète entre 593  et 571 av. J-C,  alors qu'il était parmi le peuple d'Israël, dont une partie fut déporté à Babylone par Nabuchodonosor II.

 

Chez les Phéniciens donc, Adon était un Dieu associé aux récoltes et aux cycles de l'agriculture saisonnière. Très populaire durant la période Grecque, le culte d'Adon (bien que célébré depuis longtemps déjà) connut son apogée vers 400 avant JC, et demeura jusqu'aux débuts de la formidable expansion de la Chrétienté, vers 200 après JC. Les principaux lieux de cultes étaient situés à Berytus, Aphaca 1, et Byblos2.

 

Les Grecs ayant découvert le culte d'Adon quand ils envahirent l'île de Chypre vers 300 avant JC (les phéniciens s'y étaient eux-mêmes installés vers 900 avant JC), ont hellénisé son nom en Adonis, et adapté à leur propre mythologie son histoire particulièrement compliquée et tortueuse. L'adoption du culte d'Adon par les grecs devait étendre et renforcer sa célébrité et son influence à tout le bassin méditerranéen.

 

Si l'on en croit les sources mythologiques phéniciennes originales (la mythologie grecque l'ayant modifiée de manière significative), et pour simplifier au maximum, Adon était le fils de Myrrha (du nom de l'arbre produisant la myrrhe) et frère de Ashart. Inconditionnel de la chasse et très convoité par plusieurs déesses dont Astarté (Aphrodite chez les grecs, Vénus chez les romains), il fut finalement tué à la chasse par un sanglier. Il ressuscita néanmoins pour passer une partie de son temps sur terre avec ses amantes.

 

Parmi tous les Dieux mythologiques, Adon a eu en effet cette particularité exceptionnelle : Il est le seul Dieu de l'histoire mythologique à mourir et à être ressuscité.

 

 Photo: http://ziadsalloumphotography.com/blog/?p=528


 Restes du temple d’Adon et de VénusA la fin du Printemps, sa rivière sacrée, aujourd'hui connue au Liban sous le nom de Nahr Ibrahim (littéralement « la Rivière d'Abraham »), prend la couleur rouge des minéraux de son lit agités par les fortes pluies du printemps. Afqa en est la source sacrée où les eaux de la rivière sortent d'une grotte immense dans une falaise à 200 mètres de haut. C'est là que le mythe d'Astarté (Vénus) et d'Adonis est né. 

C'est donc à la fin du Printemps que, dans toute cette région, la mort et la résurrection d'Adon étaient célébrées par des prêtres et des fidèles, les femmes en particulier, ainsi que le relate Lucien de Samosata au chapitre 6 de son ouvrage « De Dea Syria » (Des Déesses Syriennes) écrit au 2ème Siècle après JC. :

 

« En mémoire de la mort d'Adon, les habitants de Byblos célèbrent tous les ans des orgies dans lesquelles ils se frappent la poitrine, pleurent et mènent un grand deuil par tout le pays. Quand il y a eu assez de larmes et de plaintes, ils offrent des présents funèbres à Adon pour honorer sa mort. Mais, le lendemain, ils racontent qu'il est ressuscité, le placent dans le ciel et se rasent la tête. Les femmes, si elles préfèrent garder leurs cheveux, sont mises à l'amende : elles s'offrent aux étrangers pendant toute une journée et le prix de leurs faveurs est attribué à Vénus » (3).

 

L'époque de ces fêtes coïncidait avec l'équinoxe du printemps. Pendant la semaine consacrée, le sol était jonché de fleurs et de verdure sur le passage des processions. Certains y ont vu une possible corrélation avec la semaine sainte des Chrétiens, la mort de Jésus et sa résurrection.

 

 

1. Jordan, Michael. Encyclopedia of Gods [Encyclopédie des Dieux]. Facts on File, Inc. New York, 1993

2.Lilinah biti-Anat. The Phoenician Deities.

 http://www.geocities.com/SoHo/Lofts/2938/punicdei.html

3. De Dea Syria [Des Déesses Syriennes], Lucien de Samosata. 2ème Siècle après JC., Ch. 6

Ben White (traduit de l'Anglais par l'auteur) Source : http://antikforever.com/Syrie-Palestine/Phenicien%20Cananeen/ougarit.htm

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posté le 09/08/11


Adon, un prénom très répandu en Europe (Il y a longtemps...)

 

Dans les premiers siècles de notre ère, et suivant en cela la grande popularité de ce nom venu du Moyen Orient, Adon fut un prénom assez répandu à travers l'Europe. On retrouve sa trace, entre autres, en France, en Belgique, en Autriche.

On peut notamment lire dans le « Dictionnaire Géographique de la Belgique et de la Hollande » de M. Dewez, publié en 1829 :

 

« Malines (Seigneurie de), petite province dont le territoire était, dans l'origine, compris dans le pays des Ménapiens. Elle a eu ses comtes particuliers dès les 6e Siècle. Adon, qui était un des Seigneurs du pays, possédait ce comté depuis 754 par la donation de Pépin le Bref.»

 

Ou encore, dans « La féodalité dans le Nord de la France » de Félix Brassart 1877 (source BNF)

 

« Quant à Adon de Douai, ce n'est certainement point un châtelain de notre ville, ni peut-être même un membre de la maison de Douai ; il figure, à un rang inférieur, parmi les vassaux ou hommes de fief de la comtesse, etc.

 

Par ailleurs, ainsi qu'on le verra sur la page qui leur est consacrée, le premier St Adon vécut au temps de Dagobert 1er, au 7é siècle, et le second, au 9e.

 

 

 

Adon, pas seulement dans le Loiret

 

Sans pouvoir être exhaustif dans cette présentation, Il existe un assez grand nombre de lieux portant le patronyme Adon.

 

Par exemple, il y a un village nommé Adon, dans les  Ardennes, près de Chaumont Porcien ainsi qu'une « Baie de l'Adon » à St Gilles Croix de Vie

 

En Provence, « Le pont à contrefort (XVIII - XIXe s.), à l'origine unique passage reliant les hameaux d'Adon et La Villette, était emprunté par les troupeaux pour passer d'une vallée à une autre, et par les habitants des Mujouls, du Mas et d'Aiglun pour les échanges commerciaux. » (1)

 

Dans le « Dictionnaire géographique, ou description des quatre parties du monde » de 1810 par Jean-Baptiste Ladvocat et Pierre Giraud, on trouve :

 

« Adon, contrée qui borne la côte d'Or de Guinée. C'est un pays très riche ; il y a plusieurs mines d'or. Son gouvernement est une espèce de république. »

 

« Adon, bourg sur le Beretio, près du Danube, en Hongrie ; ses environs sont fertiles »

 

 

(1) http://vexil.prov.free.fr/les%20monts%20d'azur/les%20monts%20d'azur.html

 

 


Adon, dans les langues occidentales

 

On trouve le terme Adon  dans plusieurs langues occidentales et notamment celtiques.

A l'époque du Vieux Breton (9ème siècle) Adon signifie « Signe » alors qu'en Moyen Breton (à partir du 11ème) et en Moyen Gallois, (12ème - 14ème), on retrouve les termes Adon, Adonay ou encore Adonnai, tous signifiant « Seigneur ». (1)

 

Le Dictionnaire historique de l'ancien langage françois ou Glossaire de la langue françoise : depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV. Tome 1, A-AO (2) donne la définition suivante :

Adon : subst. masc.   Don ou présent.  C'est notre mot don avec l'A explétif

 

Dans « L'enquête philologique de 1812 dans les arrondissements d'Alençon et de Mortagne » de Louis Charles Nicolas Delestang, la définition suivante est mentionnée:

 

Adon : s. m. coup d'adon, coup de hasard. Cela s'est adonné on ne peut mieux. Vous vous êtes bien adonné, c'est-à-dire vous vous êtes trouvé à propos.

 

Cette définition est sans nul doute à rapprocher des emplois différents qu'en font encore aujourd'hui nos cousins du Québec tels que :

 

Adon = hasard heureux, coïncidence

  «  J'ai trouvé un billet de 10 $  sur le trottoir. C'est un adon! »

 

Avoir l'adon pour faire qch = avoir le don pour faire qch

  «  Mon frère, il a vraiment l'adon pour les langues étrangères. »

 

Être d'adon = être gentil, de bonne humeur, avoir bon caractère

   « Ton père est toujours souriant, bien d'adon! »

 

Par ailleurs, le terme Adon est toujours utilisé aujourd'hui, notamment en Hébreu moderne, dans le langage courant. En effet il peut remplacer le terme « Monsieur », comme « Adon » Fishman, par exemple, un peu à la manière du « Dottore » italien...

Adon demeure également un prénom usité dans certaines communautés, bien qu'assez rare. C'est aussi un patronyme qui serait porté en France par environ 300 personnes dont une forte proportion en Guadeloupe.

 

Enfin, c'est aussi le nom d'un héros du jeu électronique 'Street Fighter' !

 

(1)Ogam: tradition celtique, Volumes 19-20  Auteur : Amis de la tradition celtique

(2) La Curne de Sainte-Palaye, Jean-Baptiste de (1697-1781) Éditeur : H. Champion (Niort) Source : BNF Gallica

 

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posté le 09/08/11


Saint Adon

Oui, mais lequel ?

 

La littérature  fait principalement  état de Saint Adon, l'archevêque de Vienne et auteur d'un célèbre martyrologe. C'est d'ailleurs lui qu'on fête  le 16 Décembre.

 

Mais comme souvent dans la religion catholique d'avant l'an 1000, un Saint peut en cacher un autre. En effet , on oublie souvent qu'un autre Saint Adon l'avait précédé, quelques 200 ans auparavant.

 

Le premier Saint Adon (600 ? - 660 ?)

 

Au temps du roi Dagobert Ier (602-638), une grande école du palais réunissait à la cour, les fils des plus hauts dignitaires du royaume où il leur était donné une grande culture et une initiation à l'administration royale. C'est ainsi que le roi Dagobert choisissait ses ministres et ses évêques. Authaire, un haut fonctionnaire du palais, y fit instruire ses trois fils, Adon, Dadon et Radon. Originaires de la région, et plus particulièrement d'Ussy sur Marne, Authaire reçut chez lui, dans les années 610, la visite du célèbre moine irlandais Colomban. Après avoir acquis un haut niveau de culture, Adon, Dadon et Radon assurèrent de grandes fonctions au service du roi Clotaire II, puis de Dagobert Ier. Dadon fut chancelier du royaume puis nommé évêque de Rouen et béatifié, plus connu sous le nom de Saint Ouen ; Radon, fut trésorier de Dagobert Ier, et Adon référendaire.

 

 Photo: http://www.tourisme-en-brie.fr

Tombeau de St Adon dans la crypte (Jouarre)  Adon, lui, quitta assez rapidement la cour du roi pour se faire moine. Il construisit alors un monastère de moines sur le site de Jouarre qui lui appartenait, et le dota de son patrimoine exceptionnel. Des membres de la famille d'Authaire, tels que Agilbert et Ebrégisile rejoignirent Adon à Jouarre, puis ce fut au tour de Mode, sa soeur Balde et leurs nièces Telchilde et Aguilberte pour former une communauté de femmes. C'est ainsi que l'abbaye de Jouarre devint un monastère double, où hommes et femmes mènent une vie monastique, en même lieu, en des bâtiments séparés. Techilde en fut la première abbesse. Ainsi, les cryptes de Jouarre sont le tombeau des fondateurs. (1)

 

 

 

 

 

 

 

 

Le second Saint Adon  ARCHEVÉQUE DE VIENNE (800 ?  - 875)

 

Cet  Adon là était également de famille noble, probablement des environs de Ferrières en Gâtinais, dont il rejoignit la très célèbre abbaye fort jeune ayant Sigulfe, abbé de Ferrières, chargé de son éducation. Il se rend ensuite auprès de Marcward, abbé de Prüm, près de Trèves en Allemagne, pour parfaire son éducation et y enseigner.

 

Après la mort de cet abbé en 853, Adon se rend à Rome où il demeure près de cinq ans, puis à Ravenne. L'évêque de Lyon, Remy, qu'il a rejoint, lui donne ensuite la paroisse de Saint Romain près de Vienne (Isère). Il y est élu dès l'année suivante évêque de Vienne, et consacré en Septembre 860, malgré l'opposition du comte Girart de Roussillon et de sa femme Berthe.

Il participe au concile de Tousy, près de Toul en Lorraine, le 22 octobre 860, et à plusieurs autres. Il tient lui même un concile à Vienne, en 870.

 

 

Photo: Wikipedia

Vienne-Eglise St Pierre , tombeau de St Adon Après sa mort, le 16 décembre 876, son corps est inhumé dans l'église des Apôtres, devenue plus tard Eglise St Pierre, le lieu ordinaire de la sépulture des archevêques de Vienne. Il fut béatifié au milieu du XIe s. par l'archevêque Léger. Il est fêté le 16 Décembre.

 

Adon a rédigé une Chronique universelle depuis le commencement du monde jusqu'à la fin de sa vie ; par ailleurs, son Martyrologe inspiré d'un ouvrage trouvé à Ravenne a fait référence.

 

Coïncidence ou concours de circonstance, l'église des Apôtres de Vienne est une des plus anciennes églises de France, bâtie aux Ve et VIe s. Son nom fut changé en église St Pierre à une époque ultérieure, patronage (presque) identique à celui de l'église d'Adon, qui aurait eu pour origine, elle, un oratoire dédié à St Adon...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)     Source : Site Internet de la ville de Jouarre : www.jouarre.fr/notre-commune/son-histoire.html

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posté le 10/08/11

Conclusion sur l'origine du nom du village

 

 

De tout ce qui précède, est il donc possible de déterminer avec exactitude l'origine du nom de notre village ?

Hélas, il faut bien admettre que la réponse est négative, car aucune certitude ne vient vérifier les hypothèses.

 

Bien que la tradition orale ait perpétué l'édification d'un oratoire voué à St Adon (probablement l'ancien archevêque de Vienne, mais même de cela, nous n'en savons rien) en ces lieux au Xe siècle,  il ne reste aucune trace visible de celui ci (à moins qu'il n'ait servi de base à l'édification de l'église actuelle).

 

On peut d'ailleurs légitimement se demander pourquoi le village qui en aurait résulté, ne s'est pas appelé Saint Adon, comme tant d'autres St Martin, St Michel ou Ste Geneviève ?  Il reste vrai qu'au 10eme siècle, Adon (de Vienne) n'avait pas encore été canonisé, et ne pouvait donc être appelé « Saint »...

 

Roger Soyer qui fut un chercheur acharné de l'histoire du Loiret a publié dans les années 1950 un livre très intéressant, fruit de recherches étalées sur une vingtaine d'années, sur l'origine des noms de lieux du Loiret et son explication concernant "Adon" y est toute différente, mais néanmoins, tout à fait plausible.


 

En effet, tout en reconnaissant ne pas en connaître les formes latines, Adon aurait pour étymologie "Ad Dunum" signifiant littéralement : "A la Forteresse", y voyant un rapprochement évident avec la Motte d'Adon, très ancienne construction de défense que nous étudions dans un autre chapître.

 

L'encyclopédie sur Internet Wikipedia prolonge cette hypothèse en expliquant le manque de forme latine, et pour cause, puisqu'il s'agirait à l'origine d'un mot celte, qui fut latinisé ensuite:

 

"Dun est un toponyme ou un élément de toponyme courant dans les régions de peuplement ou d'ancien peuplement celtique. Il signifie à l'origine citadelle, forteresse, enceinte fortifiée, puis secondairement colline, mont (1). On le trouve sous la forme dunon (lire dūnon avec un U long (2)) en gaulois ou plutôt dūno-(3), latinisé en dunum, dun en gaélique et din en gallois et en breton (dans Dinan). On le rencontre également dans les textes relatifs à la mythologie celtique, notamment pour désigner la résidence de dieux ou de héros.

 

Il s'agit d'un des termes de la toponymie européenne les plus fréquents(4).

On le trouve par exemple en Irlande (Dun Aengus), mais aussi dans l'ancienne Gaule, dans le nom de nombreuses villes: Autun, Audun-le-Roman, Châteaudun, Don (Nord), Dun-les-Places, Issoudun, Liverdun, Loudun, Verdun, Meudon, etc. Dans l'ancienne Gaule, il est le plus souvent réduit à un simple suffixe par évolution phonétique -on, -un, -in ou -an : Lyon (Lugdunum), Nyon (Noviodunum),  etc. et dans les mots dialectaux de certaines régions : dun, dunet.

 

Il appartient maintenant au vocabulaire archéologique comme terme général pour désigner de petits bastions, enclaves ou rotondes de pierre en Écosse, comme sous-groupe des oppidums. A certains endroits, ils semblent avoir été bâtis sur des crags ou des buttes propices, en particulier au sud du Firth of Clyde et du Firth of Forth. Dans la toponymie écossaise: Dùn Èideann (Édimbourg), Dunkeld, Dundee, Dunblane, Dunbar,etc."

 

Enfin nous émettons une troisième hypothèse :

 

Plus prosaïque, elle tient au fait que, ainsi que nous l'avons vu précédemment, en  ancien Français, le terme « adon » existait dans la langue courante avec la signification de « cadeau » ou de  « don ». La terre d'Adon fut elle un jour donnée en cadeau ou en dot, et ainsi appelée par son bénéficiaire ?

 

Faute de certitudes, le lecteur devra donc décider pour lui-même ...

 


(1) Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003. p. 154 - 155.

 (2) Xavier Delamarre, Op. cité.

 (3) Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise , edition errance 1994

 (4) Xavier Delamarre, Op. cité.

 

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posté le 11/08/11

Adon dans l'Antiquité
 

 

 

Les recherches archéologiques dans le Gâtinais ont démontré un peuplement important, notamment au néolithique (environ 6000 à 3500 avant JC), tout le long de la vallée du Loing, riche, soit en silex, soit en plateaux cultivables. On pourrait penser que la région autour d'Adon, à cette époque assez marécageuse et très boisée, ne favorisait sans doute pas ces implantations. Mais l'article ci-dessous (1)  tend à démentir cette impression :

 

 Adon: Silex taillés

 

 


 

 

 

 

 

De là à déduire qu'un village primitif existait déjà serait sans doute une conclusion un peu hâtive ; il n'en reste pas moins que c'est une éventualité tout à fait possible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est d'autant plus vrai qu'un lieu appelé "le Champ de Cailloux" était particulièrement propice à fournir la matière première de base pour les pierres taillées et polies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après diverses invasions Indo-européennes (peuplades probablement formées au sud de la Russie/Arménie/Mer Caspienne,

mais ayant envahi la quasi-totalité du territoire du continent (de l'Inde à l'Irlande) et en particulier, en Europe de l'Ouest, les Celtes, aux environs de l'age du bronze (2000 à 800 avant JC), font leur apparition progressive et envahissent à leur tour la presque totalité du territoire ouest européen.

 

Petit à petit, leur domination se fait plus présente jusqu'à nos contrées, pour s'imposer et s'épanouir, au second age du fer (environ 600 avant JC).

 

C'est à cette époque que les Celtes assujettissent les nombreux peuples locaux pour les transformer en une vaste mosaïque de petites puissances : c'est évidemment le cas en Gaule.

 

Des traces très précises de cette époque ont été retrouvées à Adon.

 

Par exemple, c'est de la fin de cette époque (donc aux environs de 1000/800 avant JC) que deux objets en bronze ont été retrouvé sur le territoire de la commune.


Le premier est une flèche, trouvée en 1983 par Mr Bazin. Cette tête de flèche à douille est un spécimen assez rare en France.

 

 

 Pointe de Flèche en Bronze touvée à Adon

 

 

 

 

 

 Adon: Couteau de l’Age du Bronze

 

Le second objet est un couteau, trouvé en 1986, par Mr Peot. Une fois encore, ce genre d'objet, bien qu'assez répandu dans l'Est de la  France et au-delà, est assez rare dans nos contrées.

 

 

 

 

 

Le couteau et la tête de flèche sont aujourd'hui conservés au Musée de Châtillon Coligny.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Par ailleurs, au Tumulus de la Ronce, à Sainte Geneviève des Bois, on a découvert des sépultures princières incinérées. La plus ancienne datant de 450 avant JC, était constituée d'une tombe à puits en pierres sèches surmontée d'une coupole. Un peu plus tard, fut construite une chambre funéraire en bois dans laquelle fut déposée un vase de bronze d'origine Étrusque, contenant également les cendres d'un prince celte, enfermé dans un tissu de laine sur lequel on avait accroché un bijou en or. (2)

 

 

 

 Le  territoire des sénons (3)

Territoire Senon C'est ainsi qu'Adon, et son voisinage, se sont retrouvés aux confins (comme on l'a déjà vu, la commune de Feins, toute proche en porte même le nom) des territoires de 4 peuples gaulois, tous d'origine celtes, les Carnutes (Capitale Chartres), les Sénons (capitale Sens), les Bituriges (Capitale Bourges) et les Eduens (Capitale Bibracte, puis Autun)!

 

Ce n'est qu'au moment de la guerre des Gaules menée par Jules César, que ces peuples se sont unis, pour subir ensemble, sous la houlette de Vercingétorix, la défaite cuisante imposée par les légions romaines.

 

 

 

 

Adon et ses environs (La Bussière, Feins, etc.) étaient néanmoins en territoire Sénon. Ce qui explique que, beaucoup plus tard, les Romains puis les Francs, respectant ces frontières anciennes, Adon fut rattaché au diocèse de Sens.

 

 

 

 

 

 

Selon Paul Gache dans son ouvrage sur la Bussière, « pour les Sénons, disposer d'un chemin menant directement à la Loire était une nécessité. On leur attribue donc l'ouverture de la plus ancienne percée à travers la forêt : le parcours appelé plus tard "Le chemin de la grande Jument". Venant de Sens, il passe 500 m à l'Est de Boismorand, on peut le suivre à proximité du Petit Bouland et jusqu'à l'Ouest de la Ménagerie.

 

Pour garder cet accès et ses confins, comme ils le firent en plusieurs endroits de la forêt d'Orléans, les Sénons établirent un poste de surveillance et de défense de 225m sur 200, situé à 3,5 km au Nord de La Bussière, à la limite commune de Boismorand et d'Adon. C'est le "Camp des Bouchants", plate-forme surplombant de 3 m, avec un parapet d'un mètre, un fossé et des ouvrages en forme de tour aux quatre angles. Ainsi peut on le voir aujourd'hui, en sous-bois, après avoir été plusieurs fois utilisé ultérieurement et réaménagé, si bien qu'on lui donne vulgairement le nom de "camp romain". »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)Source : Le Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, Direction de l'enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation Informations archéologiques Circonscription du Centre J. Desprée Directeur

(2) d'après le blog de Mr Delaveau http://interstices.typepad.fr/4589/2007/05/de_800_500_la_p.html

(3) Debatty Bertrand , « Les limites de la cité gallo-romaine des Sénons » Perception et réalité, Hypothèses, 2004/1 p. 85-94.

 

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posté le 19/08/11

 

L'époque Gallo Romaine (1)

 

Après l'invasion définitive et la domination des Romains, ceux-ci, comme à leur habitude, se sont appuyés sur les infrastructures et organisations existantes, tout en leur apportant plus d'efficacité, en ayant toujours une vison beaucoup plus large des besoins de l'administration des territoires. En effet là ou les peuplades locales avaient un territoire restreint à administrer, les romains devaient gérer des surfaces sans commune mesure, avec un besoin de rigueur  logistique sans faille.

 

C'est ainsi que naturellement, ils ont installé leur administration dans la région en transformant la monnaie, en élargissant et ouvrant de nouvelles voies de communications, etc.

 

Sur la commune d'Adon et dans les environs il existe de nombreuses traces de cette période.

 

Dans une NOTE SUR UN CIMETIERE ANTIQUE DECOUVERT PRES D'ADON, un membre de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, le 13 mai 1864, sous la Présidence de M. LE PRÉFET DU LOIRET(1), rapporte les faits suivants :

 

 

« Dans un voyage que j'ai fait récemment à Châtillon-sur-Loing, j'appris que M. Méreau, ingénieur civil, propriétaire du domaine du Petit-Bois, en exécutant des terrassements sur sa propriété, venait de mettre à découvert un grand nombre de fragments de vases et de poteries. Je me rendis sur les lieux, et je vais vous rendre compte de l'examen sommaire auquel je me suis livré.

 « Le domaine du Petit-Bois est situé à dix minutes du village d'Adon, sur la droite 

de la route qui conduit de Châtillon à Gien. En creusant un des fossés qui doivent servir à l'assainissement d'un chemin qu'il exécute en ce moment dans son domaine, M. Méreau rencontra une certaine quantité d'ossements humains qui dormaient là depuis bien des siècles, s'il faut en juger par l'état de détérioration dans lequel ils sont, par les nombreuses  fractures et tous les signes de haute vétusté que présentent les tibias et les humérus que j'ai eu sous les yeux. Pêle-mêle avec ces os, se trouvaient des clous et des crampons qui, sans doute, fermaient les cercueils où ces ossements ont jadis reposé. Mais aucun fragment de ces cercueils n'a été rencontré. Ils étaient sans doute en bois et ont été complètement détruits par l'action du temps.

 

 « A environ 70 centimètres au-dessous du niveau du sol, il a été trouvé, en même temps que les ossements dont je viens parler, une certaine quantité de débris d'urnes, les unes en poterie noire, et qui paraissent avoir été vernissées et soumises à l'action du feu, les autres de poterie blanche, et qui semblent avoir été simplement séchées au soleil, ou du moins n'avoir subi qu'un degré de cuisson peu avancée. Les fragments de ces dernières que j'ai extraits de la terre s'effritaient sous le doigt et formaient une sorte de pâte facile à diviser avec un couteau. Il faut dire, pour expliquer cet état, que le terrain dans lequel j'ai trouvé ces fragments, et qui est évidemment un ancien cimetière, est humide et peu éloigné de ce qu'on appelait autrefois les marécages d'Adon.

 

« Quand j'ai visité ce cimetière, une urne, qui paraissait entière, s'offrait aux regards, ou plutôt se laissait deviner dans la douve du fossé où l'on apercevait distinctement l'un de ses flancs. Elle était presque debout, légèrement inclinée, et à environ 55 centimètres du sol de la route qui est en voie d'exécution. Malheureusement, les voitures qui, depuis longtemps et bien avant la confection régulière de la route dont il s'agit, circulaient en cet endroit, avaient produit une pression qui a fait éclater l'urne, en sorte que nous n'avons pu la retirer qu'en morceaux. Sa hauteur était d'environ 35 centimètres, et sa largeur, à la panse, de 25 environ. Elle était donc remarquable par sa dimension et plus grande que ne le sont ordinairement les urnes cinéraires antiques ou celles qu'on trouve dans les sépulcres et les columbaria romains ou gallo-romains. Elle n'avait pas d'anse, et sa forme était exactement celle qui est assignée dans le Dictionnaire des Antiquités romaines de Rich aux Olloe ossuarioe ou cinerarioe, jarres de terre d'une fabrication grossière, où les Romains enfermaient les os et les cendres des morts, principalement ceux des personnes des classes inférieures.

 

« Nous l'avons trouvée pleine d'une terre grasse et noire, d'une teinte et d'une nature absolument différentes de celles de la terre qui l'environnait. On remarquait, mêlés à la terre qui la remplissait, des fragments de petits os, devenus friables et complètement incorporés à cette terre par suite de l'action de l'humidité.

 

« J'ai l'honneur de mettre sous vos yeux le fond de cette urne, ainsi qu'une partie de la terre qui s'y trouvait, et où l'on aperçoit encore quelques-uns des petits os dont j'ai parlé. J'y joins d'autres morceaux de vases en poterie blanche et noire dont la dimension vous donnera une idée de celle qu'avaient les urnes dont ils dépendaient.

 

« Je ne dois pas omettre de vous faire remarquer que toutes ces trouvailles, celles des vases, des ossements et des clous, sont le résultat du hasard et non de recherches systématiquement accomplies. Toutes proviennent de la tranchée créée pour l'établissement d'un simple fossé d'égouttement, et il est probable que des fouilles pratiquées ad hoc près de ce fossé donneraient lieu à beaucoup d'autres découvertes. Tout incomplètes qu'elles soient, celles que je vous signale permettent pourtant de conclure que le domaine du Petit-Bois renferme les restes d'un cimetière par incinération, et que ce cimetière appartient à une époque où l'on usait à la fois de l'incinération et de l'inhumation, procédés qui sont restés d'un usage simultané chez les Romains jusqu'au triomphe absolu et définitif du christianisme.

N'est-ce pas là, en effet, ce qu'on est en droit d'induire de la présence dans un même champ funéraire d'ossements non brûlés et d'urnes renfermant, selon toute vraisemblance, des cendres et des ossements incinérés ? Ces urnes ne sauraient être confondues avec celles qu'il a été longtemps d'usage de placer dans les tombes chrétiennes, sur les flancs et entre les jambes des cadavres. Elles sont beaucoup plus grandes que ces dernières, et les ossements qu'elles renferment suffisent pour attester que leur destination était toute autre.

 

« M. Méreau a trouvé sur sa propriété un certain nombre de monnaies aux effigies de Gallien2 et de Tétricus3. Bien que ces pièces aient été rencontrées à quelques portées de fusil du cimetière dont je viens de parler, elles permettent toutefois de hasarder une conjecture sur l'époque à laquelle appartient ce cimetière qui, s'il est contemporain de ces monnaies, remonterait au troisième siècle de notre ère. »

 

Il faut noter que certaines de ces pièces sont identiques à une partie des « trésors » beaucoup plus conséquents, retrouvés à la ferme de Craon sur le site de Montbouy, datés de 275 - 276 après JC.

 

L’empereur Gallien

Empereur Gallien. Buste en marbre, env. 260 ap. J.-C. Altes Museum, Berlin, Allemagne

 

 

                                                                                                                                  Photo:Heinz-Joachim Krenzer

Antoninien (monnaie) sous Gallien

Gallien (Publius Licinius Egnatius Gallienus) (218 - 268) est empereur romain d'Octobre 253 à Septembre 268. Jusqu'en 260, il partage le pouvoir avec son père Valérien. Il est le dernier membre de l'ordre sénatorial à devenir empereur. Après lui, ses successeurs ne sont plus que des militaires. On considère habituellement son règne comme l'une des périodes les plus critiques pour l'Empire romain.

 

 

 

 

 

 

 

 Antoninien (monnaie) sous Tetricus Photo:Heinz-Joachim Krenzer

 

 

Tetricus (Caius Pius Esuvius Tetricus) régna comme empereur des Gaules de 271 à 273, après le meurtre de Victorinus à qui il succéda. Il gouverna avec son fils Tetricus II le jeune.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1)Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais Date d'édition : 1848-1873 Séance du vendredi 13 mai 1864. Présidence de M. LE PRÉFET DU LOIRET. Source : Bibliothèque nationale de France

 

 


 
 
posté le 19/08/11

 

 L'époque Gallo Romaine (2)

 

 

 

Adon: Statuette de Venus (3eme Siècle) En 1982, Messieurs Richard et Peot, trouvent à Adon, au cours d'une fouille archéologique dans la berge d'un ruisseau recalibré (sic), une statuette en terre cuite représentant Vénus. Selon les archéologues, il s'agissait d'une statuette provenant de florissants ateliers situés dans la région de Vichy, dans l'Allier, aux 2eme et 3eme siècles. Ces statues étaient utilisées pour garnir des autels domestiques, des sanctuaires, des sépultures, mais pouvaient également servir d'ornement dans les maisons, voire de jouet pour les enfants.(1)

 

 

 

 

 

 

Mosaiques romaines à Pontchevron

Non loin de là, à Ouzouer sur Trézée, après une première découverte fin XIXe, l'abbé Gitton a mis à jour en 1962 deux très belles mosaïques Gallo romaines. Situés sur les terres du château de Pontchevron, ces vestiges relativement bien conservés ont fait l'objet d'une étude détaillée par Henri Stern.(2) . En faisant des recoupements avec d'autres mosaïques sur d'autres sites, notamment Pompéi, Nîmes et Lyon, il a  pu en déterminer la période d'exécution, aux environs de 160 après JC  

 

 

Sur le site de La Bussière,  Mr André Rebiscoul (3) nous fait un résumé fort intéressant de l'exploitation des mines de fer Gallo romaines:

 

« A La Bussière, Le centre sidérurgique antique des "Ferrys", a livré tous les éléments de la chaîne opératoire : de la mine au lingot de fer. De très nombreux puits de mines desservaient des galeries destinées à exploiter les oxydes de fer localisés dans les argiles éocènes. L'état exceptionnel de conservation de tous les bois, servant à étayer les puits et les galeries, apporte un éclairage totalement neuf sur ces exploitations souterraines en contexte sédimentaire. Les fours de réduction du fer sont du type II, reconnu sur la fouille des "Clérimois". Les produits de la réduction étaient affinés et mis en forme dans de petits foyers de forge aménagés dans le sol. Cette activité sidérurgique s'inscrit dans un paysage humanisé, ouvert, où se rencontrent les cultures céréalières mais aussi la vigne et le chanvre. Dans ce paysage, ces exploitations occupent des espaces parfaitement délimités par un système de fossés qui conditionne aussi bien les exploitations minières que les déchets de réduction, très probablement en relation avec la gestion administrative de ces exploitations. »

« La production de fer sur le site est reconnue, par la fouille, de la Tène ancienne jusqu'au Moyen Age. De la Tène ancienne(a), a été mis au jour un ensemble de fossés et de fosses dont les comblements ont livré un lot de céramiques de cette période. Dans le voisinage immédiat se trouvait un four de réduction à scorie piégée sur lequel a été pratiquée une datation radiocarbone qui a confirmé la contemporanéité avec les structures domestiques voisines.

A la période gallo-romaine, cette sidérurgie est à son apogée ; elle connaît un essor particulier entre le premier et le troisième siècle de notre ère (datation reposant sur les nombreuses céramiques rencontrées dans la fouille) qui a pour conséquence la constitution de grands ferriers. Pour celle-ci, ont été mis au jour tous les éléments de la chaîne opératoire : de la mine jusqu'au lingot de fer.  

        

La céramique recueillie dans les puits de mine démontre que cette sidérurgie est encore très active au XIe siècle et se traduit par de nombreux creusements de puits de mine at par la production de déchets de réduction qui se superposent aux ferriers de la période gallo-romaine. Cette activité se déroule alors sur le terroir du château de la Bussière (XIIIe siècle)qui fut précédé par l'aménagement d'une motte féodale, contemporaine de ces exploitations. Il se peu d'ailleurs que cette implantation trouve ici sa justification. »

 

(a) La Tène ou Second âge du fer, est une période succédant au Hallstatt et marquant la fin de la Protohistoire,de  -400 à -300 avant JC, donc celtique.

 

 

 

Ce sont d'ailleurs les déchets de réduction de ces mines de fer dont la mémoire semblait avoir été perdue à cette époque qui ont inspiré Vaysse de Villiers en 1812 pour sa description (4) peu flatteuse de La Bussière :

 

Chateau de La Bussière

« Au milieu des campagnes infertiles et sablonneuses qui séparent le bassin de Nogent de celui de Briare, se présente un beau château , celui de la Bussière, agréable donjon du quinzième siècle. Il appartenait à la famille d'Ormesson (sic). La route en longe le parc, au milieu duquel le bâtiment s'élève entouré d'une belle pièce d'eau, qu'il faut traverser sur un pont-levis pour y pénétrer. C'est une île déserte pendant la plus grande partie de l'année, le propriétaire actuel ne l'habitant que par intervalles.

 

La Bussière est un lieu dénué de ressource. Peu satisfait de ce hameau lorsqu'il est obligé de s'y arrêter, le voyageur ne l'est pas davantage au départ, en voyant sa voiture décrire deux côtés d'un triangle, parce que la ligne droite aurait traversé l'enclos du seigneur. Il ne tarde pas à être distrait de ce léger mécontentement par la surprise que lui causent les singuliers matériaux employés à l'entretien de la route dans cette partie. Leur couleur noire semble signaler du charbon de terre ou des résidus de forges, ou même des scories volcaniques, si l'on ne savait qu'il n'y a ni houillère, ni mine de fer, ni aucun vestige de volcanisation (sic) dans cette partie de la France. Afin de mieux les examiner je suis descendu de ma voiture, et je me suis convaincu que c'est du vrai mâchefer; j'en ai pris quelques échantillons pour les montrer à M. Vauquelin. Ce savant chimiste a bien voulu en faire l'analyse ; les résultats ont répondu à son attente et à la mienne. Les usines dont ces matériaux indiquent l'ancienne existence, dans une forêt voisine d'où on les extrait, ont dû avoir une grande étendue et une longue durée, pour laisser des dépôts aussi considérables. Cette espèce de mine ou carrière est exploitée pour le même usage, depuis un temps immémorial, sans s'épuiser, ce qui a fait penser aux habitants que c'est un genre de pierre particulière. Le pays est toujours plat et d'un aspect attristant ; le seigle et l'avoine sont les seuls produits de ce sol ingrat, qui triple à peine sa semence.

 

Du haut de la colline qui descend à Briare, on découvre tout à coup comme une nouvelle terre, je dirai presque un nouveau ciel. De riants coteaux de vignes, des plaines non moins riantes, en un mot les bords de la Loire sont le tableau qu'on a sous les yeux, et la contrée qu'on va parcourir, en remontant la rive droite de ce fleuve jusqu'à Nevers. »

 

 

Les souvenirs et vestiges Gallo romains étant très nombreux dans la région, comme d'ailleurs quasiment partout en France, il est impossible de les citer tous.

Mais on ne saurait évoquer l'époque Gallo Romaine sans faire mention des sites très important de Montbouy/Chenevière avec son amphithéâtre et son site thermal, qui ont laissé des traces très importantes de cette époque.

 

 

(1)Le Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, Direction de l'enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation  Gallia 1985 Volume 43

Circonscription du Centre A. Ferdière Directeur

 

(2)Stern Henri. Mosaïques de Pont-Chevron près d'Ouzouër-sur-Trézée (Loiret). In: Gallia. Tome 25 fascicule 1, 1967. pp. 49-65

 

(3) Rebiscoul André. Le site paléo métallurgique des "Ferrys", commune de La Bussière (Loiret). In: Revue archéologique de Picardie. N°1-2 2003. Cultivateurs, éleveurs et artisans dans les campagnes de Gaule romaine.. pp. 129-139.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_0752-5656_2003_num_1_1_2361

 

(4) Description routière et géographique de l'empire Français divisé en quatre régions, Volume 4  Auteur : Vaysse de Villiers (Régis-Jean-François) Publié 1813  Original provenant de la New York Public Library

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Berny  le 05-09-2012 à 04:33:32

Félicitation pour ce travail extraordinaire sur Adon,
Je découvre avec ce document de quoi ravir nos amis de passage, qui en passant garderont en mémoire un merveilleux souvenir de notre petit village si agréable ou il fait si bon d'y vivre paisiblement. Ce n est plus pour moi qu un coin perdu dans le Loiret.

Merci et bonne continuation

 
 
 
 

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