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Titre du blog : Adon: une Histoire
Auteur : adon45
Date de création : 07-08-2011
 
posté le 09-08-2011 à 16:49:26


Le Dieu Adon

 

 

Dans l'antiquité, à travers tout le moyen Orient et jusqu'en Grèce, les cultes de Dieux quasiment identiques se sont répandus au travers de frontières élastiques et mouvantes.

En effet, bien que les noms des Dieux fussent différents, ils se référaient tous plus ou moins à une  mythologie commune. Pour ce qui nous concerne, il s'agit d'Adon notamment en Phénicie (aujourd'hui, Syrie et Liban), devenu ensuite Canaan, au temps de l'installation du peuple hébreu dans la région. Mais à Babylone et à Sumer (les deux formant aujourd'hui l'Irak) ce dieu avait pour nom Tammuz.

 

Ainsi, au chapitre 8 du livre d'Ezéchiel (l'un des prophètes dans l'Ancien Testament), on trouve le texte suivant :

 

...Et il me dit: Tu verras encore d`autres grandes abominations qu`ils commettent. 14 Et il me conduisit à l`entrée de la porte de la maison de l`Éternel, du côté du septentrion. Et voici, il y avait là des femmes assises, qui pleuraient Tammuz. 15 Et il me dit: Vois-tu, fils de l`homme?...

 

 

Prise de Jérusalem pae Nabuchodonosor II

 

 

Rappelons que le livre d'Ézéchiel a été écrit par le prophète entre 593  et 571 av. J-C,  alors qu'il était parmi le peuple d'Israël, dont une partie fut déporté à Babylone par Nabuchodonosor II.

 

Chez les Phéniciens donc, Adon était un Dieu associé aux récoltes et aux cycles de l'agriculture saisonnière. Très populaire durant la période Grecque, le culte d'Adon (bien que célébré depuis longtemps déjà) connut son apogée vers 400 avant JC, et demeura jusqu'aux débuts de la formidable expansion de la Chrétienté, vers 200 après JC. Les principaux lieux de cultes étaient situés à Berytus, Aphaca 1, et Byblos2.

 

Les Grecs ayant découvert le culte d'Adon quand ils envahirent l'île de Chypre vers 300 avant JC (les phéniciens s'y étaient eux-mêmes installés vers 900 avant JC), ont hellénisé son nom en Adonis, et adapté à leur propre mythologie son histoire particulièrement compliquée et tortueuse. L'adoption du culte d'Adon par les grecs devait étendre et renforcer sa célébrité et son influence à tout le bassin méditerranéen.

 

Si l'on en croit les sources mythologiques phéniciennes originales (la mythologie grecque l'ayant modifiée de manière significative), et pour simplifier au maximum, Adon était le fils de Myrrha (du nom de l'arbre produisant la myrrhe) et frère de Ashart. Inconditionnel de la chasse et très convoité par plusieurs déesses dont Astarté (Aphrodite chez les grecs, Vénus chez les romains), il fut finalement tué à la chasse par un sanglier. Il ressuscita néanmoins pour passer une partie de son temps sur terre avec ses amantes.

 

Parmi tous les Dieux mythologiques, Adon a eu en effet cette particularité exceptionnelle : Il est le seul Dieu de l'histoire mythologique à mourir et à être ressuscité.

 

 Photo: http://ziadsalloumphotography.com/blog/?p=528


 Restes du temple d’Adon et de VénusA la fin du Printemps, sa rivière sacrée, aujourd'hui connue au Liban sous le nom de Nahr Ibrahim (littéralement « la Rivière d'Abraham »), prend la couleur rouge des minéraux de son lit agités par les fortes pluies du printemps. Afqa en est la source sacrée où les eaux de la rivière sortent d'une grotte immense dans une falaise à 200 mètres de haut. C'est là que le mythe d'Astarté (Vénus) et d'Adonis est né. 

C'est donc à la fin du Printemps que, dans toute cette région, la mort et la résurrection d'Adon étaient célébrées par des prêtres et des fidèles, les femmes en particulier, ainsi que le relate Lucien de Samosata au chapitre 6 de son ouvrage « De Dea Syria » (Des Déesses Syriennes) écrit au 2ème Siècle après JC. :

 

« En mémoire de la mort d'Adon, les habitants de Byblos célèbrent tous les ans des orgies dans lesquelles ils se frappent la poitrine, pleurent et mènent un grand deuil par tout le pays. Quand il y a eu assez de larmes et de plaintes, ils offrent des présents funèbres à Adon pour honorer sa mort. Mais, le lendemain, ils racontent qu'il est ressuscité, le placent dans le ciel et se rasent la tête. Les femmes, si elles préfèrent garder leurs cheveux, sont mises à l'amende : elles s'offrent aux étrangers pendant toute une journée et le prix de leurs faveurs est attribué à Vénus » (3).

 

L'époque de ces fêtes coïncidait avec l'équinoxe du printemps. Pendant la semaine consacrée, le sol était jonché de fleurs et de verdure sur le passage des processions. Certains y ont vu une possible corrélation avec la semaine sainte des Chrétiens, la mort de Jésus et sa résurrection.

 

 

1. Jordan, Michael. Encyclopedia of Gods [Encyclopédie des Dieux]. Facts on File, Inc. New York, 1993

2.Lilinah biti-Anat. The Phoenician Deities.

 http://www.geocities.com/SoHo/Lofts/2938/punicdei.html

3. De Dea Syria [Des Déesses Syriennes], Lucien de Samosata. 2ème Siècle après JC., Ch. 6

Ben White (traduit de l'Anglais par l'auteur) Source : http://antikforever.com/Syrie-Palestine/Phenicien%20Cananeen/ougarit.htm

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