De tout ce qui précède, est il donc possible de déterminer avec exactitude l'origine du nom de notre village ?
Hélas, il faut bien admettre que la réponse est négative, car aucune certitude ne vient vérifier les hypothèses.
Bien que la tradition orale ait perpétué l'édification d'un oratoire voué à St Adon (probablement l'ancien archevêque de Vienne, mais même de cela, nous n'en savons rien) en ces lieux au Xe siècle, il ne reste aucune trace visible de celui ci (à moins qu'il n'ait servi de base à l'édification de l'église actuelle).
On peut d'ailleurs légitimement se demander pourquoi le village qui en aurait résulté, ne s'est pas appelé Saint Adon, comme tant d'autres St Martin, St Michel ou Ste Geneviève ? Il reste vrai qu'au 10eme siècle, Adon (de Vienne) n'avait pas encore été canonisé, et ne pouvait donc être appelé « Saint »...
Roger Soyer qui fut un chercheur acharné de l'histoire du Loiret a publié dans les années 1950 un livre très intéressant, fruit de recherches étalées sur une vingtaine d'années, sur l'origine des noms de lieux du Loiret et son explication concernant "Adon" y est toute différente, mais néanmoins, tout à fait plausible.
En effet, tout en reconnaissant ne pas en connaître les formes latines, Adon aurait pour étymologie "Ad Dunum" signifiant littéralement : "A la Forteresse", y voyant un rapprochement évident avec la Motte d'Adon, très ancienne construction de défense que nous étudions dans un autre chapître.
L'encyclopédie sur Internet Wikipedia prolonge cette hypothèse en expliquant le manque de forme latine, et pour cause, puisqu'il s'agirait à l'origine d'un mot celte, qui fut latinisé ensuite:
"Dun est un toponyme ou un élément de toponyme courant dans les régions de peuplement ou d'ancien peuplement celtique. Il signifie à l'origine citadelle, forteresse, enceinte fortifiée, puis secondairement colline, mont (1). On le trouve sous la forme dunon (lire dūnon avec un U long (2)) en gaulois ou plutôt dūno-(3), latinisé en dunum, dun en gaélique et din en gallois et en breton (dans Dinan). On le rencontre également dans les textes relatifs à la mythologie celtique, notamment pour désigner la résidence de dieux ou de héros.
Il s'agit d'un des termes de la toponymie européenne les plus fréquents(4).
On le trouve par exemple en Irlande (Dun Aengus), mais aussi dans l'ancienne Gaule, dans le nom de nombreuses villes: Autun, Audun-le-Roman, Châteaudun, Don (Nord), Dun-les-Places, Issoudun, Liverdun, Loudun, Verdun, Meudon, etc. Dans l'ancienne Gaule, il est le plus souvent réduit à un simple suffixe par évolution phonétique -on, -un, -in ou -an : Lyon (Lugdunum), Nyon (Noviodunum), etc. et dans les mots dialectaux de certaines régions : dun, dunet.
Il appartient maintenant au vocabulaire archéologique comme terme général pour désigner de petits bastions, enclaves ou rotondes de pierre en Écosse, comme sous-groupe des oppidums. A certains endroits, ils semblent avoir été bâtis sur des crags ou des buttes propices, en particulier au sud du Firth of Clyde et du Firth of Forth. Dans la toponymie écossaise: Dùn Èideann (Édimbourg), Dunkeld, Dundee, Dunblane, Dunbar,etc."
Enfin nous émettons une troisième hypothèse :
Plus prosaïque, elle tient au fait que, ainsi que nous l'avons vu précédemment, en ancien Français, le terme « adon » existait dans la langue courante avec la signification de « cadeau » ou de « don ». La terre d'Adon fut elle un jour donnée en cadeau ou en dot, et ainsi appelée par son bénéficiaire ?
Faute de certitudes, le lecteur devra donc décider pour lui-même ...
(1) Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003. p. 154 - 155.
(2) Xavier Delamarre, Op. cité.
(3) Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise , edition errance 1994
(4) Xavier Delamarre, Op. cité.