Le Château d'Adon et ses Seigneurs (1)
1000 - 1300
Probablement aux alentours du XI ou du XIIe siècle, le premier "chateau" fut érigé à Adon.
Il s'agissait en fait d'une motte castrale telle qu'à partir du Xe siècle, en Europe, on en construisit presque partout. Parfois orthographiées « Mothes », elles correspondaient à un nouveau besoin de défense des territoires et des populations.
En effet, les armures et armes de l'époque Carolingiennes étant extrêmement lourdes, et très peu mobiles, il fallait pouvoir défendre ses biens et ses gens par de nouveaux moyens contre des bandes armées plus mobiles.
Photo: Julien Chatelain
Les mottes castrales (1) - comme leur nom l'indique - sont désormais assimilées aux châteaux. Dans une première période, le château a changé de vocation puisqu'il ne s'agit plus d'un simple retranchement défensif comme on en a construit au cours du haut Moyen Âge (tels les castra érigés contre les Normands).
À partir du Xe siècle, il répond toujours en premier lieu à la fonction défensive, mais devient progressivement « la résidence fortifiée d'un puissant et de son entourage ». À ces deux usages, le castellologue Philippe Durand ajoute l'aspect symbolique.
En effet, l'architecture et le décor contribuent à « mettre en évidence la classe aristocratique et son rôle dans la société ». Autrement dit le château de l'an mille remplit trois fonctions : la résidence seigneuriale, la défense (naturelle ou passive) et enfin le symbolisme culturel et social.
Photo: Julien Chatelain
Du point de vue matériel, le château à motte se caractérise par deux éléments principaux : la motte et la basse-cour. La motte est un tronc de cône aux flancs pentus, dont l'inclinaison est globalement la même (30°) et dont la hauteur se situe entre 4 et 15 mètres. La hauteur semblait indispensable puisque au milieu du XIIe siècle, l'archidiacre de Thérouanne écrivait :
« Les hommes les plus riches (...) [de Flandre] ont coutume d'élever (...) une motte aussi haute que possible (...) de creuser tout autour une fosse. »(2)
En général, les mottes avaient un diamètre à la base de 30 mètres, un diamètre sommital de 10 m et une hauteur de 10 m.
Ces mottes étaient relativement faciles à construire, avec des matériaux disponibles localement : pierres et bois. On estime qu'une motte était construite avec un équivalent de 2000 journées/homme, soit environ 3 mois avec 30 ouvriers.
Reconstitution vidéo 3D d'une motte
Réalisation : Laurent Châtellier, Kiwimage Production : Conseil Général des Côtes-d'Armor
La motte d'Adon date très probablement de cette époque et a correspondu avec le premier établissement de son « Seigneur ».
Son emplacement aujourd'hui est un joli jardin d'agrément soigneusement entretenu par ses propriétaires. Visible de la route qui mène à Boismorand, on distingue encore nettement, lorsque les eaux sont basses, les grosses pierres servant à la consolidation de l'île qui supportait l'édifice.
L'emplacement des mottes ne devait rien au hasard, et il s'agissait le plus souvent de protéger un accès ou de défendre une position particulière.
Pour Adon, il faut se rappeler qu'à cette époque, le pays était extrêmement marécageux, et que pour le passage des marchandises et des personnes, on ne pouvait franchir certains de ces marécages qu'au Gué Rouse à la Flinière, ou au Gué Patou. Puis au bas des Cris, il restait encore un passage très étroit à franchir, commandé par un petit étang : c'est là que fut construite la Motte d'Adon (3)
Il n'existe aucune trace ni de la date de construction ni de l'édificateur de la Motte d'Adon, et il nous faut avancer assez loin, en 1616, date à laquelle Jacques Pommereau est répertorié propriétaire. (3)
Ce dernier, « Contrôleur en Maréchaussée » de Gien (4), faisait partie d'une grande famille berrichonne dont une branche, installée à Gien, avait des postes influents.
Mais, revenant au Moyen Age, le fief d'Adon est vassal d'une famille puissante, même si faute de descendance mâle, son influence dura moins de deux siècles, ce qui est néanmoins fort respectable.
En effet, la famille de Feins, nommés d'après leur fief, avait pour résidence un vaste château féodal, dénommé La Bergerie, aujourd'hui disparu. Les seigneurs de Feins, appartenaient à une famille qui jouissait, dès les premiers temps du moyen âge, d'une grande réputation de noblesse et de fortune. Ils étaient sans doute, à l'origine, des vassaux des comtes de Bar ou de Champagne. (5)
Leur trace est très clairement identifiée dans de nombreux documents d'époque. (6)
Le premier représentant de la famille connu est Sultan de Feins dont on trouve la trace en 1164. C'est lui qui, ayant pris parti pour le roi contre le Seigneur de Châtillon sur Loing (aujourd'hui Châtillon Coligny), fut probablement récompensé avec la partie de la terre de La Bussière relevant de la châtellenie d'Aillant.
Allié à la famille du comte de Gien, le baron de Donzy, il en obtient le reste et devient ainsi seul maitre du territoire. (6)
Photo: http://home.eckerd.edu/~oberhot/printfeud-anjou.htm
Son fils, Etienne, prit la succession et fit prendre au domaine familial, grâce à son alliance avec le roi Philippe Auguste, une formidable ampleur.
Il est donc légitime de penser que la motte d'Adon fut très certainement mise en place par l'un des premiers représentants de la famille Feins. Elle aurait ainsi fait partie d'un ensemble de constructions défensives sur le territoire de la seigneurie.
Après Etienne, c'est Narjod, son fils qui lui succède (il construira le château de Dammarie en Puisaye où résidera sa lignée). La dynastie se terminera avec Agnès de Feins qui fait le dernier dénombrement des propriétés de la famille en 1364.(7)
Les possessions des Feins étaient donc assez considérables et couvraient les territoires de Feins, bien entendu, siège de leur établissement, mais aussi Adon, Escrignelles, La Bussière, Dammarie en Puisaye, Batilly en Puisaye, etc.
On sait aujourd'hui qu'ils furent les bâtisseurs du château de Dammarie, et du tout premier château de La Bussière.
(1) Source : Article Motte castrale de Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Motte_castrale).
(2) Gauthier de Thérouanne, Vita Johannis, episcopi Tervanensis, 1150
(3) Solange Rameau-Decencière Ferrandière (1947)
(4) Mémoires de la Société des antiquaires du Centre 1927 Source: BNF Gallica
(5) G. de Rubercy, Seigneurie de Dammarie-en-Puisaye 1898 BNF Gallica
(6) voir: Gallia Christiania Tome III, p. 228, le Cartulaire de Fleury (ou Saint Benoist-sur-Loire) de 1234, etc.(7) Paul Gache: La Bussière
Adon: le Château et ses Seigneurs (2)
1300 - 1720
Après la dynastie des Feins, les informations sur Adon en particulier sont quasiment nulles. Il est néanmoins plus que probable qu'à la chute de la maison des Feins, Adon devint vassal du Seigneur de La Bussière dont la montée en puissance commençait alors.
L'histoire de la Seigneurie de la Bussière est d'ailleurs assez bien connue. En effet, en 1391, La Bussière appartenait à Isabeau de Sancerre, qui avait épousé en 3èmes noces Arnould de Bonnay. Vers 1400, la seigneurie passait des mains d'Etienne Fromont, notaire de Charles VII, dans celles de Sire Mesmin de Boylesve , dont la fille, Jeanne, épousa Jean de Ganay .
Celui ci servit Charles VIII et fut Garde des sceaux et Chancellier de France sous Louis XII.
Le couple de Ganay n'ayant pas eu d'enfant, c'est Marguerite, belle sœur de Jean de Ganay, qui en hérita et transmit à Jehan de Brinon, son époux, les biens et seigneuries de sa famille.
Jehan, leur fils, seigneur de Pontillaud et de "La Bussière-les-Briare", Conseiller du Roi, Maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Paris, épousa Jehanne Lhuillier, dont il eut une fille.
Celle-ci, Jehanne, du prénom de sa mère, épousa, en 1518, Jehan du Tillet qui, par cette union, devint premier de ce nom, seigneur de La Bussière. (1)
Ainsi échut la seigneurie aux du Tillet (François 1er était roi depuis 3 ans), dont Adon continua naturellement de dépendre, du moins en grande partie. (A l'apogée des du Tillet, ceux ci avait la suzeraineté des possessions suivantes sur la commune d'Adon : Mivoisin, Ste Berthe, Les Beaugets, Le Petit Bois, Les Ténins, et bien sur, la Motte et la Grande Métairie. Le reste dépendait des puissants maîtres de Châtillon sur Loing, les Coligny,d'abord, puis des Montmorency-Luxembourg.)
Puis, en 1595, la seigneurie de La Bussière fut élevée en baronnie, au profit de Jean II du Tillet. Lui-même dépendait néanmoins du Comté de Gien, donc du Roi de France, auquel le Comté appartenait depuis Philippe Auguste en 1199.
Photo: www.all-free-photos.com.
Pour Adon, il nous faut faire un bon de 100 ans avec le règne de Louis XIII pour pouvoir reconstituer l'histoire du Château d'Adon.
C'est donc à cette époque que nous retrouvons alors Jacques Pommereau qui fut contrôleur en la Maréchaussée de Gien. Sa famille est originaire du Berry et liée à la Famille Bourgeois, tanneurs à succès de Gien, et déjà occupés à racheter les terrains autour d'Adon.
Selon les archives de la famille Bourgeois, Pommereau a cédé la Seigneurie d'Adon aux Gadois en 1618.
Josué de Gadois était écuyer, Seigneur de St Père (près de Cosne sur Loire). Il épousa Madeleine de Melun en 1599 (4) qui lui donna 8 enfants, dont François, le second, né en 1601, pour qui la Seigneurie d'Adon fut achetée.
« Les Gadois était une famille noble d'extraction, maintenue dans sa noblesse, qu'elle a prouvée depuis 1549. par arrêt du Conseil d'Etat du Roi du 12 Septembre 1671, & par sentence de M. l'lntendant de la généralité d'Orléans du 30 Janvier 1703. » (3)
La famille Gadois s'installa durablement dans la région, et plus encore lorsque Josué, au décès de Madeleine, se remaria avec Louise de Blaire vers 1628, et ajouta à ses titres, par ce mariage, celui de seigneur de Cotard, château voisin de La Brenellerie, à Rogny les Sept Ecluses.
C'est donc François de Gadois, à l'age de 17 ans, qui fut le premier d'une longue lignée à porter le titre de « Seigneur de La Motte d'Adon ».
Le château d'Adon consistait toujours, comme on l'a vu plus haut, en une construction probablement assez sommaire, entourée d'eau, sans doute très humide. C'est alors que la décision fut prise de transférer le siège de la Seigneurie près de l'emplacement du Château actuel.
Ce bâtiment consistait en fait en un corps de ferme et probablement deux ou trois granges et étables. Il fut connu sous le nom de « La Grande Métairie d'Adon », et ses propriétaires prirent donc le titre de « Seigneur de la Mothe et de la Grande Métairie d'Adon ».
Le petit fortin de la Motte ne fut pas pour autant abandonné, puisqu'il continua de servir d'habitation.
En 1644, Charles de Gadois, fils de François, marié à Elizabeth Dubois, devient Seigneur à son tour. Il décèdera lui même en 1668.
Son fils, François, prit donc la succession, après s'être marié le 14 Juin 1663 à une cousine , Charlotte de Gadois.
Il décède vingt ans plus tard, en 1683, et c'est à ce moment que sa veuve trouve un compromis avec le Marquis Charles du Tillet, (élevé à ce rang en 1679 par Louis XIV) Seigneur de la Bussière :
« Le 26 Août 1683,Charles Du Tillet, écuyer, seigneur marquis de la Bussière, conseiller du Roi en ses conseils et parlement, logé à Fontainebleau, en l'hôtel des fermes du Roi, d'une part, et Charlotte de Gadois, veuve de François de Gadois, écuyer, Sgr de la Motte d'Adon, étant logée à Fontainebleau, hôtel de Soissons, désireux de terminer leurs différents de famille, Mr de la Bussière consent à ce que la dame de La Motte conserve son banc dans le chœur de l'église du bourg d'Adon, et qu'elle y ait sa sépulture, tandis que le dit bailleur sera mis en possession de la terre de la Bussière. » (6)
Charlotte de Gadois décéda en 1703, et conformément à cet accord, elle fut enterrée dans "le choeur de l'église" ainsi que l'atteste son acte de décès ci dessous:
Au décès de son père en 1683, c'est autour de Michel de Gadois qui avait épousé Marie de Launay de prendre possession du domaine. Il disparaîtra seulement 7 ans plus tard, en 1690.
François-Pierre son fils aîné, prêtre, prendra donc la succession et le titre tout en étant d'abord curé de Changy. C'est cette année là qu'il fait d'ailleurs une requête au baillage de Montargis demandant à être déchargé de la taxe à laquelle le fief de la Motte d'Adon, qui dépend du baillage de Gien, a été par erreur imposé comme faisant partie de celui de Montargis. (7)
Il devint ensuite chanoine de l'église collégiale de Chastillon-sur-Loire, (8) et fut le dernier héritier mâle de cette branche de la famille,
Bien entendu, il vient de temps en temps à Adon, pour s'occuper de ses affaires, mais également pour assurrer le baptème d'enfants d'amis par exemple, ou effectuer le remplacement de curés malades ou décédés. C'est le cas en particulier pendant la grande famine de 1710 qui décima le village où, à la mort du curé en place, Pierre de Moncelle, il assurre l'intérim de fin Avril à fin Mai, date à laquelle Antoine Ozon est nommé nouveau curé. (5)
A son décès, vers 1720, c'est donc Louise de Gadois, fille de Michel de Gadois, qui hérite de la seigneurie pour la transmettre aussitôt à son époux, puisque, par contrat de mariage passé le 20 Mai 1718, elle s'unissait à Henri-Pierre-Alexandre Du Motet, Chevalier, Seigneur d'Arthé, MauvaisChamp, Momont et autres lieux.
La célébration du mariage a eu lieu en l'église d'Adon le 21 Juin 1718, où, au nombre impressionnant de signataires de l'acte de mariage, on devine la présence de nombreux invités. (5)
Ce mariage marquait donc la fin de la présence des Gadois comme Seigneurs d'Adon qui le furent pendant exactement 100 ans!
(1) LES DU TILLET SEIGNEURS DE LA BUSSIÈRE G. de RUBERCY Académie de Sainte -Croix d'Orléans- 1891 Source: Gallica
(2) Mémoires de la Société des antiquaires du Centre Source: Gallica
(3) Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais Tome X 1892 Source : Gallica
(4) Histoire généalogique et héraldique des pairs de France: Volume 5 Source : Gallica
(5) Archives municipales
(6) Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais Tome X 1892 Source : Gallica
(7) Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne 1847 Source : Gallica
(8) Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais Tome X 1892 Source : Gallica
Le Chateau et ses Seigneurs (3)
1720 - 1785
A son décès, vers 1720, c'est en effet Louise de Gadois, fille de Michel de Gadois, qui hérite de la seigneurie pour la transmettre aussitôt à son époux, puisque, par contrat de mariage passé le 20 Mai 1718, elle s'était unie à Henri-Pierre-Alexandre Du Motet, Chevalier, Seigneur d'Arthé, MauvaisChamp, Momont et autres lieux.
Cette union fut d'assez courte durée puisque Louise décéda le 15 Mars 1726. Elle avait néanmoins mis au monde deux enfants, Achille Du Motet, né en 1719 (dont le parrain fut François Pierre de Gadois, (voir page précédente) et Angélique Du Motet en 1722.
Henri-Pierre-Alexandre Du Motet se remaria le 1er Mai 1728, avec Hyacinthe d'Assigny , décédée le 15 Avril 1741. De ce second lit naquirent Louis - Alexandre Du Motet et Hyacinthe Du Motet.
Achille Du Motet est cité comme témoin dans un acte d'inhumation le 22 Janvier 1741, portant le titre de seigneur de la Motte d'Adon. Il est donc possible qu'il se fut installé à Adon, avant d'hériter de son père.
Ce faisant, devenu Chevalier, Seigneur d'Arthé, de la Motte D'Adon, et autres lieux, il épousa, par contrat passé à Auxerre le premier Août 1749, Marie Charlotte Petit de Marivot.
La seigneurie d'Adon passa donc dans les mains de sa tante Angélique en 1752, qui à son tour l'a transmise en 1769 à sa demi sœur Hyacinthe, mariée à Nicolas Petit-de-Bois d'Aunay , Chevalier, Seigneur de Dracy (Yonne) et autres lieux.
En 1771, ils rendent, pour la dernière fois avant la Révolution, Foi et Hommage au marquis du Tillet, de la Bussière, dont la Seigneurie d'Adon dépend encore.
Depuis les Gadois, aucun de ces héritiers, de 1730 à 1772, n'habita la Seigneurie d'Adon. En effet ces propriétaires jouissaient, dans leurs fiefs principaux, d'habitations plus vastes et prestigieuses, et certainement plus confortables.
Photo: Site Web de Dracy sur Ouanne www.dracy.info/
D'ailleurs, quelques années plus tard, Nicolas Petit-de-Bois d'Aunay, déjà possesseur d'un hôtel particulier à Paris et du château reconstruit par son père à Dracy en 1735, (3)décide de se séparer de la Seigneurie d'Adon.
Celle-ci est donc vendue le 15 Mai 1772 à Arsène de Tourolle.
Il était fils de Dominique Georges Tourolle, premier valet de chambre du dauphin (le fils de Louis XV, mort prématurément) qui s'était marié à Versailles avec Marie Geneviève Mollière.
Acte de baptème d'Arsène Tourolle 1762 - archives.yvelines.fr
Portait de Madame Tourolle (1763) par JB Perroneau, grand tante d'Arsène Tourolle qui a signé "Nérot",
son nom de jeune fille, sur l'acte de Baptème ci dessus.
Le père d'Arsène Tourolle étant décédé jeune, c'est son oncle et tuteur, Augustin Loistron Ballon de Luigny, huissier ordinaire de la chambre du roi, qui va s'occuper d'acheter pour son compte la Seigneurie d'Adon.
Celle ci est payée comptant 21 850 Livres. (4)
A cette date (1772), la propriété, outre des terres agricoles et forestières, comprend toujours l'ancien petit fortin de La Motte, toujours habité et servant d'ailleurs de presbytère à l'abbé Genet (4), et évidemment, la Grande Métairie.
Le jeune Tourolle prend alors la décision d'ajouter au domaine un nouveau château, plus grand et plus confortable, consacrant ainsi la Grande Métairie à son occupation principale, l'activité agricole.
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Le Château est néanmoins positionné tout près, quasiment à l'endroit du château actuel. La nouvelle construction consistait en un long bâtiment sans étage avec un toit en tuile plate, percé de lucarnes, ressemblant d'ailleurs plus à une longère cossue qu'à un château.
"L'arrondissement de Gien" Jules Fauchet 1879 Archves Départementales Orléans
Voici une gravure de 1868 représentant le chateau tel qu'il apparraissait depuis sa construction vers 1780. Le chateau proprement dit est à droite avec ses lucarnes. Directement à sa gauche se trouve "La Grande Métairie" de 1630 avec au premier plan une grange qui a été démolie au XXe, à l'extrème gauche, un batiment toujours actuel et entre les deux, dans le fond ,on aperçoit bien caché, le toit du batiment principal.
Cadastre d'Adon de 1835 - Archives Municipales
Le cadastre de 1835 reproduit l'implantation de la Grande Métairie de 1644 (No 9) et du Chateau de 1780 (No 10)
A l'extrème gauche, l'auberge (No 1)
Malheureusement, il n'aura pas pu en profiter bien longtemps car il décède le 27 Août 1783 (ou 1785 ?), sans avoir été marié et donc sans héritier direct.
(1) Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire & la chronologie des familles nobles de France, l'explication de leurs armes, & l'état des grandes terres du royaume, Par François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier Source: Gallica
(2) Archives départementales de l'Yonne antérieures à 1790: inventaire sommaire 1868 Source: Bibliothèque municipale de Lyon (Bibliothèque jésuite des Fontaines)
(3) Site Web de Dracy sur Ouanne www.dracy.info/
(4) Solange Rameau-Decencière Ferrandière 1949
Le Chateau et ses seigneurs (4)
1785 - 1858
La seigneurie revient donc à l'un de ses oncles, frère de sa mère, Jean Charles Mollière de la Boulaye. Celui ci avait la charge d'un département de la Ferme du Roi, autrement dit, il collectait des impôts, et en particulier l'octroi, (impôts indirects sur les marchandises qui rentraient à Paris) à la barrière de Sèvres, à Paris.
Marié le 1er Septembre 1760 à Clamart à Marie Anne Dumangin, ils eurent deux fils :
Il est probable que la famille n'ait pas souvent séjourné à Adon, en tout cas jusqu'à la Révolution, les fonctions de Jean Charles à la Ferme du Roi le retenant à Paris où le confort et un certain faste auquel la famille devait être habituée ne pouvait être égalé à Adon.
Cest sans doute pour cette raison que, marraine de la petite Eugénie, fille de leur jardinier, Nicolas le Pin, le 23 Novembre 1787, Marie Anne Mollière de Thugny s'est fait représentée au baptème par la domestique du curé d'Adon, Marie Anne Berthier. (5)
Avec la révolution de 1789 et surtout les évènements de 1793, nous perdons la trace de Jean Charles Mollière de la Boulaye. Est il décédé, a-t-il été tué pendant la Révolution (les responsables des Fermes Générales ont été la cible de bien de revanches...), ?
En tout cas, la famille ne s'est pas réfugiée à l'étranger, car le fils ainé avait commencé en 1782 une carrière au Ministère de la Marine qui l'a employé sans interruption jusqu'en 1818, date à laquelle il rejoint le conseil d'administration des Postes.
C'est en 1803 que sa veuve, Marie Anne Dumangin, décède, et les deux fils se partagent les biens familiaux. L'aîné, Charles Philippe préférant sans doute rester à Paris renonce à ses droits (la République est passée par là) sur Adon, et c'est donc Jean Baptiste qui reprend le domaine et s'y installe. (2)
Jean Baptiste Mollière de Thugny s'était marié le 30 Mai 1792 à Paris avec Marie Victoire Hure et le couple eut quatre filles (Victorine, Delphine, Eugénie et Hélène). (3)
En 1849, il fit don à la commune d'un terrain, route de La Bussière, afin d'y construire un nouveau presbytère.
Le Presbytère dont une aile servit de Mairie
Jean Baptiste Mollière de Thugny administre ses biens, et s'investit dans la vie locale puisqu'il est Conseiller d'Arrondissement à Gien de 1831 à 1833 ou il siège à côté de Alphonse Duchemin de Chasseval (4), dont la famille a racheté le château de La Bussière en 1814.
ALMANACH ROYAL et NATIONAL 1833
En 1834 il est élu maire d'Adon, mandat qu'il conservera jusqu'en 1843.
Après une longue vie bien remplie, il mourut à Paris le 21 Septembre 1849, à l'age de 83 ans.
Ses enfants vendirent le domaine le 26 Mai 1850. A cette occasion une description précisait les points suivants :
« Belle maison d'habitation, solidement bâtie, avec communs et dépendances.
Cour d'honneur circulaire fermée par une grille donnant sur une avenue d'ormes qui conduit à la route de La Bussière à Chatillon ; beaux jardins avec pelouses et allée de tilleuls.
« Deux corps de ferme, deux manœuvreries et deux étangs, 360 hectares dont 87 de Bois et Taillis.
« Mise à prix :
•1. Le domaine des Claviers : 154 Ha, terre de bonne qualité, belle chasse de 27 Ha de bois et taillis : 90 000 Francs
•2. La maison d'habitation et le domaine de la Grande Métairie : 123 Ha, dont 4 Ha de bois : 80 000 Francs
•3. La manœuvrerie et les bois des Nérons : 83 Ha dont 49 de bois et taillis : 45 000 Francs » (2)
L'acquéreur fut Michel Jallot, marié à Louise Hélène Lavechef Duparc (originaire d'Arras, dont, coïncidence, la mère s'appelait Jeanne Hélène Millou).
Michel Jallot fut maire d'Adon de 1855 à 1858, année durant laquelle il décéda.
En effet, les deux époux décèdent (5) à un mois d'intervalle en Octobre et Novembre 1858 (5), 8 ans après leur installation à Adon.
Leur fils Henry Jallot qui a 28 ans, décide alors de mettre la propriété en vente.
(1) Registre paroissial 1760 - 1769 - 1760 MMol_Dmg Acte de mariage - Etat Civil Clamart - Numerisation
(2) Solange Rameau-Decencière Ferrandière (1947)
(3) Généalogie Mollière www.ompda.com/fiche-id12781.html
(4) ALMANACH ROYAL et NATIONAL 1833 Gallica
(5) Archives municipales Etat Civil d'Adon
Le Chateau et ses Seigneurs (5)
1858 - 1937
Elle est aussitôt achetée par le Comte de Nettancourt et Marquis de Veaubécourt, alors beau père du Marquis de la Fare, qui habitait lui, le château de la Fertilité à Rebel Oiseau.
Jacques Marie Claude , marquis de Vaubécourt , comte de Nettancourt, né à Lavaure, le 11 mai 1786 , et reçu chevalier de Malte de minorité, le 30 Juillet suivant, entra à l'école militaire de Fontainebleau, en 1804. Il fut nommé sous lieutenant au 28e. Régiment d'infanterie légère. En 1806 il fit, avec un bataillon détaché de ce régiment, les campagnes de 1807, en Pologne; de 1808 , en Espagne où il fut blessé d'un coup de feu à la tête , le 29 juin ; de 1809, en Allemagne ; de 1810 et 1811, en Espagne et au Portugal ; il fut blessé, d'un coup de feu à la poitrine, le 5 mai de cette dernière année , à Fuentes de Honioro ; il fit les campagnes de 1812, en Prusse; de 1813, à la grande armée, et de 1814 en France. Il fut blessé d'un coup de feu à la main gauche, à la bataille de Bautzen, le 21 mai 1813.
Le marquis de Nettancourt a été nommé chevalier de l'ordre de la Légion d'Honneur, le 14 juin I813, et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint - Louis, le 25 avril 1821. (1)
Il avait acheté ce domaine pour en faire un placement, et non pour l'habiter. D'ailleurs le petit château fut loué dès 1863 aux jeunes époux Rameau de St Père, pendant qu'ils attendaient l'achèvement du château de St Père qui était en projet puis en cours de construction.
En 1868, ils quittèrent le château d'Adon pour s'installer dans leur tout nouveau Château de St Père. (2)
Le Chateau de Saint Père vers 1905
Il semble qu'après leur départ, l'habitation demeura inoccupée jusqu'en 1876, date à laquelle elle fut de nouveau louée, pour une année, à Alban Lambert, cousin de Rameau de St Père.
Le marquis DE NETTANCOURT était entre temps décédé (Septembre 1864), sa famille décida finalement de se séparer de la propriété en 1879. Elle fut acquise par Arthur Jaupitre et son épouse Marie Jaupitre récemment mariés depuis Février 1878.
Prudent Louis Arthur Jaupitre était un membre de la grande famille Jaupitre, dont une branche était déjà installée dans la région et notamment à Rogny les sept Ecluses, au château de la Brénellerie, depuis le début du 19e.
Le Château de la Brénellerie en 1903
Né le 2 octobre 1844 à Souesme dans le Cher (un autre des bastions de la famille), il fit des études de médecine, et épousa à 34 ans, le 26 février 1878 à Souesme, une cousine qui portait le même nom que lui, Marie Euphémie Jaupitre, née à Rogny, le 6 janvier 1860, et venait donc de célébrer ses 18 ans.
De leur union naquirent trois enfants :
1. Joseph Victor Henri, le 18 mars 1879 à La Brenellerie, Rogny
2. Marie-Claire Gabrielle, le 15 août 1881 à La Brenellerie, Rogny
3. André Louis Arthur, le 20 février 1885 à La Brenellerie, Rogny
Afin de s'installer définitivement à Adon, il décida de raser le château de 1772, sans doute assez rustique, et d'en construire un tout neuf. Ce fut chose faite probablement en 1886 ou1887.
Plus spacieux, moderne et statutaire, on y retrouve les 2 lettres "J" des noms du couple. (Il y a une parenté architecturale évidente avec le château de la Brénellerie de Rogny , construit lui en 1889.)
La façade Ouest du Chateau d'Adon vers 1900
Puis la surface du domaine fut agrandie : de 360 Ha en 1850, il passa à 484 Ha jusqu'en 1913. (3)
Arthur Jaupitre fut maire d'Adon à deux reprises : de 1886 à 1897 puis de 1900 à 1912, soit en tout, près de 23 ans !
C'est d'ailleurs en 1912 qu'il décéda, le 1er Mai, à l'age de 67 ans. Sa veuve, Marie Jaupitre, continua d'habiter le château jusqu'à son propre décès le 15 Novembre 1926, après avoir vendu en 1914 quelques parcelles du domaine pour un total d'environ 50 ha à un certain Marcel Boussac. (3)
La façade Est du Chateau d'Adon vers 1905
En 1928, leur fils, Joseph Jaupitre, greffier de justice installé à Charenton le Pont devient propriétaire et gardera le domaine jusqu'en 1937, date à laquelle il fut vendu.
(1) Histoire Généalogique Et Héraldique Des Pairs De France, Des Grands Dignitaires De La Couronne, Etc Par M. Le Chevalier De Courcelles
(2) Solange Rameau-Decencière Ferrandière (1947)(3) Archives Municipales
Le Chateau à l'époque contemporaine
1937 à ce jour
Cest donc en 1937 qu'un nouvel acquéreur prend possesion du chateau et de son domaine. En effet Camille, Joseph, Nicéphore MERMOD devient le nouveau propriétaire. (1)
Né le 12 octobre 1878 à Martignat (Ain). il fut Député de l'Ain de 1919 à 1924 et de 1934 à 1936.
Issu d'une famille d'industriels de la région de Nantua, industriel lui-même, Camille Mermod n'avait eu aucune activité politique jusqu'aux élections générales de Novembre 1919.
A la Chambre, Mermod s'inscrivit au groupe de l'entente républicaine démocratique et fit partie de la commission du commerce et de l'industrie et de celle des mines et de la force motrice, puis de la commission de l'armée. Au cours de cette législature, il rapporta le projet de loi portant déclassement de la place de Condé sur Escaut et fut élu conseiller général de Nantua.
Battu aux éléctions de 1924 et de 1928, il ne se représenta pas à celles de 1932. Mais à la mort de Painlevé en octobre 1933, il posa sa candidature à l'élection partielle du 21 janvier 1934, qui ne réunit pas moins de sept candidats et fut élu.
Il fit alors partie de la commission de l'armée et de la commission des douanes.
Aux élections générales de 1936, il fut de nouveau battu et abandonna alors la carrière politique.(2)
C'est à ce moment qu'il investit et achète le domaine du Chateau d'Adon.
Pendant l'Occupation, Camille Mermod reste au service de l'Etat et exerce les fonctions de commissaire du pouvoir du régime de Vichy dans la subdivision de Blois.
Après la Libération, il se retire à Martignat ou li décédera en 1967.
Il gardera le domaine d'Adon et son château jusqu'en en 1947.
C'est en effet le 17 Avril que le chateau et son domaine sont rachetés par un industriel du Nord, Paul Fauquet. (1)
En 1925, Paul Fauquet et son épouse Jenny Michaux, nés respectivement à Wignehies et Saint-Hilaire-sur-Helpe, fondèrent la société Fauquet, l'entrepise laitière qui porte son nom et devint la marque incontournable du fromage de Maroilles.
L'usine était située à Avesnelles, route de Sains, lieu où le couple vécut toute sa vie. Ils eurent trois enfants : Odette, Kléber et Serge. Le père passa le flambeau au premier de ses fils dans les années cinquante.
L'entreprise familiale et sa marque ont traversé et survécu toutes les difficultés et vivent encore, bien qu'elles furent rachetées en 1989.
Source: http://www.fauquet-maroilles.com/
Les époux Fauquet ne conservèrent le domaine que cinq ans puisque c'est le 29 Janvier 1952 qu'il fut vendu à Mr Bonneval et son épouse. (1)
Puis le domaine fut de nouveau vendu 4 fois jusqu'à aujourdhui. Constitué en Société Civile Immobilière, le domaine finit par être morcelé une dernière fois, et notamment la séparation du Château et de la Grande Métairie fut consommée.
Celle ci fut alors vendue séparément dans les années 1970.
(1) Archives privées
(2) Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée Nationale
L'Eglise Saint Pierre aux Liens
Les origines
La tradition orale date la construction de l'église actuelle au 14e siècle. Dans un premier temps, seuls le chœur et le sanctuaire auraient été érigés. Puis la nef aurait ensuite été bâtie, probablement au 15e ou 16e siècle.
Mais une analyse un peu plus fouillée des matériaux en place laisse un peu songeur quant à la datation exacte.
En effet, deux éléments importants subsitent dans les appareils utilisés, pouvant laisser croire à une construction antérieure.
Cette dispostion de pierres ou de briques très particulière, héritée des romains, a été utilisée essentiellement pendant la dynastie carolingienne, de 751 à 957, avec des prolongements d'emploi jusqu'au 12e.
Bérangère Bertrand dans sa thèse (1) sur les facades occidentales des églises romanes du Gatinais nous apprend ceci:
"La disposition en opus spicatum est également très fréquente, et plus particulièrement dans la partie septentrionale de la région. Ce type d'appareil pouvait être utilisé localement sur la façade (Notre-Dame de Château-Landon, Cortrat et Ury). Il ne faut pas faire remonter à une période trop lointaine l'emploi de cet appareil dans le Gâtinais. En effet, ce type de construction traditionnelle sera utilisé jusqu'à la fin du 11ème et le début du 12ème siècle."
Opus spicatum (épi de blé) sur le mur sud de la nef
Ce qui est d'autant plus troublant, c'est que l'emploi de cet opus spicatum apparait sur le mur Sud de la nef, supposée avoir été ajoutée au 15e ou 16e siècle...
Opus spicatum (épi de blé) sur le mur sud de la nef (détail)
2. Les morceaux de sarcophages
A plusieurs endroits sur les murs extérieurs, et notamment ceux de la nef, encore elle, on découvre l'utilisation de morceaux de sarcophages, reconnaissables par leur forme rectangulaire, bien plate et de couleur blanche.
Or, selon les recherches de P. Rousseau, cité par Bérangère Bertrand:
"Dans certaines constructions, comme au porche de Treuzy-Levelay, la maçonnerie en moellons de pierre se retrouve mêlée à des fragments de sarcophages et selon P. Rousseau, la présence de morceaux de sarcophages mélangés à l'appareil caractériserait l'architecture du 11ème siècle dans le Gâtinais."
On retrouve d'ailleurs ce même ré-emploi de sarcophages sur les murs de la chapelle Ste Berthe!
Le doute est donc permis quant à l'époque de l'édification de l'Eglise, et une recherche plus approfondie par un service spécialisé serait le bienvenu.
D'autant qu'un autre mystère reste à percer: celui de l'ouverture, aujourd'ui murée, mais pourtant bien visible, toujours sur le mur sud de la nef...
Le nom ou vocable de l'église
A une époque indéterminée, l'église fut dédiée à St Pierre aux Liens, en souvenir du miracle accompli pendant l'emprisonnement de St Pierre à Jérusalem. En effet, en 43 après JC, celui-ci, emprisonné par Hérode Agrippa, fut délivré miraculeusement de ses chaînes par Dieu, et put ainsi s'échapper (lire dans la Bible: Acte des Apôtres Ch. 12 http://bible.catholique.org/actes-des-apotres/3296-chapitre-12).
Le choix du nom de l'église pourrait venir des Seigneurs de Feins, maîtres du territoire à l'époque, qui, ayant participé à une croisade au début du 12e, auraient ramené de Rome des reliques, de la poussière des chaînes de Saint Pierre retrouvées dans la basilique Eudoxienne ou « San Pietro in Vincoli » ("St Pierre aux chaines") à Rome.
Distribuée aux croisés, les Feins l'aurait donnée à l'église d'Adon, placée alors sous le patronage de Saint Pierre aux Liens ; mais une fois encore, le temps a effacé toutes les traces de cette histoire, et de celle-ci à la légende, il n'y a qu'un pas, vite franchi...
D'autant que, malgré nos recherches, nous n'avons pas pu retrouver le nom des Feins dans la liste des chevaliers ayant participé à ces croisades.
Mais si on souhaite accorder du crédit à ce récit, ceci corroborerait le fait que l'église ou du moins une partie, était déjà construite à cette époque...
Chronologie des propriétaires du Château d' Adon
Château de la Motte
1616 Jacques Pommereau
1618 Vente à François de Gadois, écuyer, Seigneur de la Mothe d'Adon
La résidence des seigneurs d'Adon est déménagée à ce qui sera connue sous le nom de La Grande Métairie (emplacement des bâtiments contigus au château actuel)
1644 Charles de Gadois (fils de François) écuyer, Seigneur de la Mothe et de la Grande Métairie d'Adon
1663 François de Gadois (fils de Charles) écuyer, Seigneur de la Mothe et de la Grande Métairie d'Adon
1683 Michel de Gadois (fils de François) Chevalier, Seigneur de la Mothe et de la Grande Métairie d'Adon
1690 François-Pierre de Gadois (fils de Michel) Curé de Changy,
1730 Louise de Gadois (fille de Michel) mariée à Henri-Pierre-Alexandre Du Motet , Chevalier, Seigneur d'Arthé, MauvaisChamp, Momont et autres lieux
1749 Achille Du Motet, (fils des précédents) Chevalier, Seigneur d'Arthé, de la Motte D'Adon, et autres lieux
1751 Achille Charles-Henri-Joseph Du Motet, Seigneur d'Arthé, de la Motte D'Adon, et autres lieux (fils unique d'Achille, mort jeune, sans postérité)
1752 Angélique du Motet d'Arthé (tante du précédent)
1769 Hyacinthe du Motet (sœur de la précédente), mariée à Nicolas-Marie Thomas Petit-de- Boisdaunay , Chevalier, Seigneur de Dracy et autres lieux, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archiac
1772 Vente à Arséne André Tourolle, écuyer (sans héritier direct)
Construction d'un nouveau Château, sur l'emplacement du Château actuel (1772)
1785 Jean Charles Mollière de La Boulaye (oncle du précédent),
1803 Jean Baptiste Antoine Mollière de Thugny (fils cadet du précédent) Maire d'Adon (1834 - 1843) et Conseiller d'Arrondissement
1850 Vente à Michel Jallot, maire d'Adon de 1855 à 1858
1860 Vente au Baron de Vaubécourt, Marquis de Nettancourt, Lieutenant-Colonel d'Infanterie de la Garde Royale (beau père du Marquis de la Fare, propriétaire du Château de la Fertilité à Rebel Oiseau)
1879 Vente à Arthur Jaupitre, Médecin, maire d'Adon de 1886 à1897 et de 1900 à 1912
Construction du Château actuel (1887)
1937 Vente à Camille Mermod
1947 Vente à Paul Fauquet
1952 Vente à Mr Bonneval
La Hutterie
Cette propriété privée a une origine très ancienne. En effet, dès 1374, on a retrouvé la trace d'un dénommé Blanchard qui occupait l'une des masures (fermes) de ce site, à l'époque rattachée à Feins, d'où le terme de la Blanchardière qui lui fut alors donnée.
La guerre de Cent ans et ses ravages ne nous ont pas laissé de traces de cette période. Mais après la fin « officielle » de la Guerre de Cent Ans (1453), Feins avait perdu un grand nombre de ses occupants, et ce n'est que 4 ans plus tard, en 1457, qu'un curé est de nouveau permanent dans la Paroisse.
Peinture de Jean Fouquet
Cette petite Seigneurie tout juste démembrée de la propriété de la puissante famille Feins, faute d'héritier, appartient alors à Jehan Despence(1).
Celui ci est issu d'une famille écossaise aux branches françaises nombreuses, et a servi le royaume de France pendant la guerre de Cent ans, et notamment sous Charles VII lorsqu'il créa sa « Garde Ecossaise ». Son père Patrick Spens de Wormiston, né vers 1425, dans le Comté de FIFE en Ecosse, en fit le premier partie comme Ecuyer et Archer. (Il fut également à l'origine des Familles Despence de Pomblin, Despence de Railly, etc.)
Peinture de Jean Fouquet
Petit à petit, les terres sont allouées en baillage. En 1468, La Foucherie (aux environs de 1370, un certain Foucher habitait les lieux) est baillée à Jean Procqueau, dit Copeau, d'où le nom toujours actuel des « Copeaux ».
En 1469, Régnault Huet, laboureur, prend en bail des restes de masures de l'ancienne Blanchardière auxquels il laissera son nom : « la Hueterie » (voir la carte de Cassini ci dessous), devenu bien plus tard « la Hutterie ».
En 1532, les Despence vendent la Seigneurie de Feins à Louise de Montmorency, veuve de Gaspard 1er de Coligny, pour qui Feins ne sera qu'une dépendance subalterne.
Néanmoins, avec des conditions économiques plus favorables, La Hutterie est transformée en manoir, avec 2 corps de logis, auxquels un texte de 1533 ajoute les « jardins nouveaux de l'Amiral », Gaspard II de Coligny (fils de Gaspard 1er et de Louise de Montmorency). (2)
Il ne fait aucun doute que la grange de la propriété actuelle est l'un de ces manoirs.
Photo: http://oratoiredulouvre.fr
Gaspard II de Coligny fit don de La Hutterie à François de Beauvais, Seigneur de Briquemault (à Ste Geneviève des Bois). Briquemault fut en effet un ami très proche de Coligny tout en devenant, sous ses ordres, l'un des plus illustres chefs de l'armée protestante.
En 1562 commencent les guerres de religion, et Briquemault, protestant et chef de guerre, s'y distingue tant par sa bravoure que par sa cruauté. Présent à Paris la nuit du massacre de la St Barthélemy, auquel il échappe miraculeusement, il est néanmoins arrêté dans la nuit, jugé et exécuté quelques semaines plus tard sur ordre et en présence de Charles IX. Ses biens furent alors confisqués. (3)
Photo: http://www.saintegenevievedesbois.fr/
Mais, le 6 Mai 1576, Henri III, ayant succédé à son frère Charles IX, dut reconnaître une défaite humiliante mettant fin à la 5eme guerre de religion par l'Edit de Beaulieu, en concédant de nombreux avantages aux protestants, et notamment la restitution de leurs biens.
Jean de Bricquemault, son fils aîné, reprit donc possession de la Hutterie, mais pour la vendre, l'année d'après, en 1577, à Guillaume Hamard, seigneur de Saulse, bourgeois de Gien, pour la somme de 2 500 Livres. Sa famille l'aggloméra avec d'autres possessions qu'elle avait déjà à Feins et à Rogny les sept Ecluses où notamment, ils achètent en 1582 une rente en grains sur le moulin de Saint-Eusoge.(4)
Soit qu'elle changeât de main entre-temps, soit qu'elle fut transmise par mariage, la Hutterie appartenait à Michel Courtois, avocat, fils de l'influent Bailli de Montargis, Ignace Courtois, lorsqu'elle fut de nouveau vendue le 22 Avril 1583. (La famille Courtois, et notamment Guillaume, père d'Ignace, était déjà propriétaire du fief de Mussy, depuis 1507.)
L'acquéreur ne fut autre que Jean II du Tillet, baron de la Bussière...en train d'acheter tout ce qu'il pouvait pour agrandir ses terres de La Bussière (la terre de Mussy et celle de Ténins passèrent également dans ses mains à la même époque). (5)
La terre de La Hutterie, tout comme celle de Mussy, d'ailleurs, resta entre les mains des seigneurs de La Bussière jusqu'à la Révolution, où nous perdons la trace de la propriété.
Nous la retrouvons 40 ans plus tard, à l'occasion de son achat, en 1835, par Marc Hilaire Colombel. Il est issu d'une longue lignée de navigateurs, capitaines de navires, d'abord installés dans le Pays de Caux, puis au Havre.
L'ascension de la famille Colombel démarra avec le père de Marc Hilaire, Jacques Robert. Celui-ci alla s'installer à Saint Domingue avec son frère en 1783, et créa une société de négoce, pour vendre des pacotilles sur place, et surtout vendre des denrées coloniales en métropole, et notamment du bois.
Après quelques turpitudes dues à la mort prématuré de son frère, Jacques Robert Colombel, s'associe de nouveau, cette fois avec des tiers, pour créer la société « Colombel Ainé, Besongnet, Barabé ». Rentré en France en 1787, après des gains substantiels, sa nouvelle société s'oriente peu à peu dans l'armement de bateaux pour la traite d'esclaves (potentiellement très lucratif, mais aussi très risqué), comme tant d'autres armateurs des grands ports français, anglais, portugais et néerlandais de cette époque.
Un premier voyage en Juillet 1789 sur « l'Alligator » rapporte plus de 800 000 livres, ce qui est considérable. Un second voyage est organisé en 1791/1792, tout aussi rentable, suivi d'un troisième, qui lui ne rapporte rien. Quelques années plus tard, la société est dissoute, et Jacques Robert Colombel meurt en 1805, laissant cinq enfants à sa veuve, Anne Marie Pinel, dont Marc Hilaire.
En 1820, Anne Marie Pinel fonde la société « Pinel Veuve Colombel Aîné & Fils » dont le but est d'accroire les actifs de la famille, sans pour autant prendre trop de risques. Marc Hilaire fait partie des gestionnaires actifs d'une société qui est dédiée au commerce des produits coloniaux, basée au Havre. La société arme plusieurs navires, comme le brick Elisabeth ou le brick Emilienne qui traversent l'Atlantique en direction des Etats-Unis, faisant escale à La Havane et à La Nouvelle-Orléans, d'où ils ramènent du coton en grande quantité. La société possède d'importants contacts à New-York, où Marc Hilaire Colombel a d'ailleurs séjourné en tant que correspondant de la société de 1819 à 1821.
Les années 1820 à 1830 voient l'apparition de nouveaux espaces commerciaux, dans lesquels les négociants tentent d'investir. Ils se tournent notamment vers l'Amérique latine : le Brésil, le Chili, le Pérou ou la Guyane et Marc Hilaire doit faire l'achat de plusieurs navires supplémentaires en 1824 et 1825 pour assurer ces liaisons.
Marc Hilaire Colombel possédait de nombreux biens immobiliers dans la commune de Graville, voisine du Havre, où il résidait une grande partie de l'année. Le 14 octobre 1830, il devient maire de cette ville. Deux ans plus tard, le 25 juillet 1832, il démissionne, avant d'être réintégré dans ses fonctions le 5 mars 1835. Il reste maire jusqu'à sa mort prématurée en 1838. Peu de temps après, le conseil municipal délibère afin d'attribuer une rue à son nom, qui demeure encore aujourd'hui, la rue Hilaire Colombel.(6)
Il avait donc acheté les terres de Mussy et de La Hutterie en 1835, puis celle de Mousseaux, à Montbouy, en 1837. On ignore les raisons de ces achats dans le Loiret, si loin de sa Normandie d'origine. Ils furent peut être motivés par une volonté de diversification de ses avoirs et la préparation d'une rente solide en prévision d'une vieillesse qu'il n'a malheureusement pas connu.
Le domaine de Mussy/la Hutterie est donc passé à Cyprien Colombel, son fils, de même que les autres domaines acquis par son père, Mousseaux et Les Tranchants. Agronome éminent doublé d'un chasseur passionné, c'est lui qui a certainement laissé la plus grande marque sur ces grands terrains agricoles et leurs exploitations respectives.
Il participe à l'écriture d'un des livres de son cousin Adolphe Coste : « Une ferme de 100 hectares ». Maire de Montbouy de 1882 à 1888, il décède à Mousseaux, sans enfant, en Février 1894.(7)
C'est donc son neveu, Paul Colombel qui hérite des propriétés. Paul Colombel, domicilié à "Montbouy par Châtillon Coligny" fut donc propriétaire de la terre de Mussy et du domaine de la Hutterie, le tout pour 270 ha environ (7) (190 ha sur la commune d'Adon uniquement (8) )
A son décès, en 1923, Mussy et la Hutterie sont passés aux mains de son fils, Léon Colombel, domicilié à Tours puis à Angers. Celui-ci, ayant contracté une dette importante qu'il ne pouvait pas rembourser, a dû se résoudre à vendre les 2 propriétés en 1933.
C'est à ce moment que les terres de Mussy et de la Hutterie furent de nouveau séparées.
Aujourd'hui, tout ce qui reste de l'époque Renaissance qui vit la première prospérité de La Hutterie, est un bâtiment qui, au cours des siècles, est passé du statut de manoir à celui de grange.
Néanmoins, les deux immenses cheminées sur chaque pignon intérieur et deux fenêtres, aujourd'hui murées, dont les meneaux en pierre sont très visibles, attestent que ce bâtiment est un exemplaire unique de la Renaissance encore debout sur le territoire de la commune d'Adon.
(1) Généalogie de la famille Spens http://www.spens.info/genealogie.php?PHPSESSID=3a28726e07e9fb4f8ad1e47f525ea057
(2) Paul Gache Mars 1993
(3) La France protestante ou vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'histoire: Basnage - Brodeau, Volume 2 Auteurs Eugene Haag, & Emile Haag Éditeur Cherbuliez, 1847 Original provenant de la bibliothèque de l'État de Bavière Numérisé par Google Books
(4) Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne ; Source : Gallica (Titres de Saint-Eusoge et de la Brénellerie)
(5) Archives municipales du Havre : Fonds Boivin-Colombel 49Z (1504-1958) Répertoire numérique détaillé par Lucile Peycéré, sous la direction de Pierre Beaumont, attaché de conservation du patrimoine
(6) Paul Gache dans son ouvrage sur "La Bussière" Source : Le château de La Bussière
(7) Archives privées source : Gaétan Ganzin
(8) Archives municipales : matrice cadastrale
La Fare de Vénejean
Les La Fare sont issus du Languedoc, plus précisément de Saint-André-de-Valborgne, dans le département du Gard. Remontant au 12e, la famille a eu jusqu’à 5 branches distinctes, dont les La Fare de Vénejean. C’est de celle-ci dont est issu Adolphe, Comte puis Marquis de la Fare, qui acquit en 1844 le domaine de Rebel Oiseau à Adon pour s’y installer.
La famille, toutes branches confondues, a compté plusieurs représentants dont la postérité a traversé les siècles; en voici quelques exemples:
Charles Auguste, marquis de La Fare, comte de Laugères, baron de Balazuc, fut un poète et mémorialiste né à Valgorge dans le Vivarais en 1644 et mort à Paris en 1712. Capitaine des gardes du corps de Philippe d'Orléans, il entra d'abord dans la carrière militaire et servit avec distinction sous le maréchal de Turenne, dont il devint l'ami, durant les campagnes de 1667 et 1674.
Étienne Joseph de La Fare (10 décembre 1690, Paris – 23 avril 1741, château de Leschelles), fut brièvement évêque de Viviers en 1723, devint évêque duc de Laon (1723-1741), second pair ecclésiastique de France et comte d’Anizy-le-Château
.
Philippe-Charles de La Fare, 15 février 1687 - 14 septembre 1752 à Paris, fut officier général français de l'Ancien Régime, puis Maréchal général des camps et armées du roi de France, le plus haut poste de la hiérarchie miltaire. Il se distingua dans de nombreux conflits, en Espagne, Italie et Allemagne entres autres.
Anne Louis Henri comte de La Fare, est né le 8 septembre 1752 et mort le 11 décembre 1829, fut évêque de Nancy puis archevêque de Sens (où il est enterré) et d’Auxerre, premier aumônier de Madame la Dauphine, duchesse d'Angoulême, pair de France, commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, ministre d'État (1824).
Petit neveu du précédent, Adolphe Raymond Abel de la Fare lui, est né à Avignon, le 9 janvier 1809. Ses parents, Gabriel Joseph Anne Henri de La FARE et Eulalie Thérèse Elisabeth d'AUTRIC de VINTIMILLE eurent 6 enfants dont il fut le cadet.
Il se marie à 32 ans, le 10 Juin 1841 à Paris, avec Marie-Charlotte de Nettancourt-Vaubécourt, 21 ans, née en 1820.
Le couple cherche un endroit pour s’installer, et le 15 Novembre 1844, ils achètent, pour 264 000 Francs, du Baron Joseph du Noyer de Noirmont les terres attachées au grand domaine de Rebel Oiseau qui englobe alors les Verseaux, les Ragonneaux, les Grands Roussets, Le Manoir, La Tête, etc.. (1)
Mais pour s’y installer, ils ont besoin d’une demeure correspondant à la fois à leur statut et à la famille qu’ils souhaitent fonder. C’est ainsi qu’ils commencent à faire construire le "château de la Fertilité", heureux présage des 7 enfants que le foyer mettra au monde entre 1842 et 1856. Cette demeure, prit certainement pour base la maison qui y était déjà bâtie, car la tourelle abritant l'escalier existait depuis dèjà longtemps.
Dans un premier temps, le couple a dû demeurer à Paris puisque c’est là que les quatre premiers enfants verront le jour. Mais, au moment de l'acte notarié d'achat de Rebel Oiseau, il déclare habiter au chateau de Courbeton, dans la commune de St Germain Laval, canton de Monterau fault Yonne; La famille dût sans doute ensuite s’installer à Châtillon Coligny en attendant la fin des travaux, puisque les deux enfants suivants y sont nés (1852 et 1853).
Finalement, la famille s’installe définitivement au Château de Rebel Oiseau, et c’est là que la dernière fille, Jeanne, voit le jour, en 1855.
Le Comte de la Fare continue de consolider son domaine, et acquiert de nouvelles terres : en1846 des époux Prochasson, aubergistes à Adon, en 1859, des époux Le Sire, habitant à La Charmée (Adon), et en 1862, des époux Godin habitant à La Baronnerie (Adon). (1)
On peut noter que le jeune frère du Comte, le baron Armand Just de la Fare est lui installé non loin de là, à Fontainejean, sur la commune de St Maurice sur Aveyron. (2)
De même, son beau père, le Comte de Nettancourt et Marquis de Veaubécourt, achète en 1858 le château d’Adon et ses terres associées. Avec Rebel Oiseau, les deux domaines, à l'époque, ne représentent pas loin du tiers de la superficie des terres d’Adon !
Le Comte de la Fare s’investit alors dans la vie de la commune puisqu’il fut maire d’Adon de 1858 à 1870.
Les prussiens de la guerre de 1870 firent un rapide passage à Adon, apparemment sans trop lui faire de mal. Le comte de la Fare devenu Marquis, par suite du décès de son frère aîné, décéda seulement quelques semaines avant la fin du conflit, puisqu’il s’éteignit en son domicile de Rebel Oiseau à 20 heures, le 7 Janvier 1871 à l'âge de 61 ans.
Il n’aura donc pas eu à connaître l’issue pour la France qui, par le traité de paix du 26 Février 1871, entre autres nombreuses obligations, fut contrainte de restituer les territoires allemands que ses propres ancêtres avaient contribués à annexer à la tête des armées de Louis XIV !
Nonobstant le décès du père de famille, la vie des La Fare continue, et va même s’accélérer avec la succession de mariages qui vont se dérouler. Entre 1871 en 1874, il n’y en aura pas moins de 5, dont 3 furent célébrés à Adon, ceux des trois filles aînées, Marie Thérèse, Renée Pauline, et Gabrielle. (2)
Elles ont été respectivement unies aux familles Viville, Fradin de Bellarbre, et Huon de Kermadec; tous les époux suivaient une carrière militaire, même si pour deux d’entre eux, leur mariage provoqua leur démission.
De manière un peu inhabituelle, Maurice Gabriel de la Fare, le fils cadet, épousa en août 1874, Jeanne Huon de Kermadec, la sœur de son beau frère !
Gaston, le fils aîné et héritier des titres, se maria à Marie Céleste Berger en 1877. Il demeura à Adon, d’abord auprès de sa mère à Rebel Oiseau, puis apès son mariage, aux Grands Roussets ou il se fit construire à son décès une grande demeure qui existe toujours.
Paul, Vicomte de la Fare fut zouave pontifical en 1868 et capitaine des mobiles du Loiret en 1870 (3). Il épousa Valentine de Chergé, également en 1874 (Octobre), mais en Haute Vienne. Plus tard, dans un acte notarié de 1888, il déclare être domicilié au « Château du Manoir » à Ste Geneviève des bois.(1)
Photo: Musée Colette - St Sauveur en Puisaye
Ce qui explique sans doute la rencontre à Châtillon Coligny, entre l’une de ses filles, Jeanne, et la famille Colette, venue s’y installer quelques temps suite à leur revers de fortune à St Sauveur en Puysaye (Yonne), leur village d’origine. Elle se lia avec le demi frère de l’écrivain, le Docteur en Médecine Achille Robineau-Duclos, qu’elle épousa à 21 ans, en Mai 1898, à Châtillon Coligny.
Ce mariage fut peut être considéré par la famille comme une mésalliance, compte tenu des origines roturières du docteur et du passé de son père, alcoolique violent notoire. D’ailleurs, Jeanne, qui est décédée en 1964 à Gagny, a été inhumée dans le caveau des La Fare, et Achille dans celui de sa famille (les parents de l’écrivain Colette)…tous deux, malgré tout, au cimetière de Châtillon Coligny.
Jeanne de la Fare, la petite dernière, partit vivre quelques temps à St Calais dans la Sarthe auprès de sa sœur Marie Thérèse, devenue veuve de Viville, puis épousa Paul Person de Champoly le 16 Juillet 1889. (4)
Marie-Charlotte de Nettancourt-Vaubécourt, l'épouse du Marquis de La Fare, décéda à son tour le 26 novembre 1884, à l'âge de 64 ans, à son domicile de Rebel Oiseau, (2) et rejoignit son mari dans leur caveau de Châtillon Coligny.
En 1888, commence le démembrement de la propriété assemblée par feu le Marquis de La Fare. En effet les 7 enfants vendent une première partie du domaine, les 90 ha de la ferme des Verseaux additionnée de quelques dépendances voisines.
(1) Archives privées
(2) Archives municipales d'Adon
(3) Dictionnaire historique et généalogique des Familles du Poitou - T3 H. Beauchet-Filleau 1891
(4) http://gw3.geneanet.org/pierfit?lang=fr
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