La Fare de Vénejean
Les La Fare sont issus du Languedoc, plus précisément de Saint-André-de-Valborgne, dans le département du Gard. Remontant au 12e, la famille a eu jusqu’à 5 branches distinctes, dont les La Fare de Vénejean. C’est de celle-ci dont est issu Adolphe, Comte puis Marquis de la Fare, qui acquit en 1844 le domaine de Rebel Oiseau à Adon pour s’y installer.
La famille, toutes branches confondues, a compté plusieurs représentants dont la postérité a traversé les siècles; en voici quelques exemples:
Charles Auguste, marquis de La Fare, comte de Laugères, baron de Balazuc, fut un poète et mémorialiste né à Valgorge dans le Vivarais en 1644 et mort à Paris en 1712. Capitaine des gardes du corps de Philippe d'Orléans, il entra d'abord dans la carrière militaire et servit avec distinction sous le maréchal de Turenne, dont il devint l'ami, durant les campagnes de 1667 et 1674.
Étienne Joseph de La Fare (10 décembre 1690, Paris – 23 avril 1741, château de Leschelles), fut brièvement évêque de Viviers en 1723, devint évêque duc de Laon (1723-1741), second pair ecclésiastique de France et comte d’Anizy-le-Château
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Philippe-Charles de La Fare, 15 février 1687 - 14 septembre 1752 à Paris, fut officier général français de l'Ancien Régime, puis Maréchal général des camps et armées du roi de France, le plus haut poste de la hiérarchie miltaire. Il se distingua dans de nombreux conflits, en Espagne, Italie et Allemagne entres autres.
Anne Louis Henri comte de La Fare, est né le 8 septembre 1752 et mort le 11 décembre 1829, fut évêque de Nancy puis archevêque de Sens (où il est enterré) et d’Auxerre, premier aumônier de Madame la Dauphine, duchesse d'Angoulême, pair de France, commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, ministre d'État (1824).
Petit neveu du précédent, Adolphe Raymond Abel de la Fare lui, est né à Avignon, le 9 janvier 1809. Ses parents, Gabriel Joseph Anne Henri de La FARE et Eulalie Thérèse Elisabeth d'AUTRIC de VINTIMILLE eurent 6 enfants dont il fut le cadet.
Il se marie à 32 ans, le 10 Juin 1841 à Paris, avec Marie-Charlotte de Nettancourt-Vaubécourt, 21 ans, née en 1820.
Le couple cherche un endroit pour s’installer, et le 15 Novembre 1844, ils achètent, pour 264 000 Francs, du Baron Joseph du Noyer de Noirmont les terres attachées au grand domaine de Rebel Oiseau qui englobe alors les Verseaux, les Ragonneaux, les Grands Roussets, Le Manoir, La Tête, etc.. (1)
Mais pour s’y installer, ils ont besoin d’une demeure correspondant à la fois à leur statut et à la famille qu’ils souhaitent fonder. C’est ainsi qu’ils commencent à faire construire le "château de la Fertilité", heureux présage des 7 enfants que le foyer mettra au monde entre 1842 et 1856. Cette demeure, prit certainement pour base la maison qui y était déjà bâtie, car la tourelle abritant l'escalier existait depuis dèjà longtemps.
Dans un premier temps, le couple a dû demeurer à Paris puisque c’est là que les quatre premiers enfants verront le jour. Mais, au moment de l'acte notarié d'achat de Rebel Oiseau, il déclare habiter au chateau de Courbeton, dans la commune de St Germain Laval, canton de Monterau fault Yonne; La famille dût sans doute ensuite s’installer à Châtillon Coligny en attendant la fin des travaux, puisque les deux enfants suivants y sont nés (1852 et 1853).
Finalement, la famille s’installe définitivement au Château de Rebel Oiseau, et c’est là que la dernière fille, Jeanne, voit le jour, en 1855.
Le Comte de la Fare continue de consolider son domaine, et acquiert de nouvelles terres : en1846 des époux Prochasson, aubergistes à Adon, en 1859, des époux Le Sire, habitant à La Charmée (Adon), et en 1862, des époux Godin habitant à La Baronnerie (Adon). (1)
On peut noter que le jeune frère du Comte, le baron Armand Just de la Fare est lui installé non loin de là, à Fontainejean, sur la commune de St Maurice sur Aveyron. (2)
De même, son beau père, le Comte de Nettancourt et Marquis de Veaubécourt, achète en 1858 le château d’Adon et ses terres associées. Avec Rebel Oiseau, les deux domaines, à l'époque, ne représentent pas loin du tiers de la superficie des terres d’Adon !
Le Comte de la Fare s’investit alors dans la vie de la commune puisqu’il fut maire d’Adon de 1858 à 1870.
Les prussiens de la guerre de 1870 firent un rapide passage à Adon, apparemment sans trop lui faire de mal. Le comte de la Fare devenu Marquis, par suite du décès de son frère aîné, décéda seulement quelques semaines avant la fin du conflit, puisqu’il s’éteignit en son domicile de Rebel Oiseau à 20 heures, le 7 Janvier 1871 à l'âge de 61 ans.
Il n’aura donc pas eu à connaître l’issue pour la France qui, par le traité de paix du 26 Février 1871, entre autres nombreuses obligations, fut contrainte de restituer les territoires allemands que ses propres ancêtres avaient contribués à annexer à la tête des armées de Louis XIV !
Nonobstant le décès du père de famille, la vie des La Fare continue, et va même s’accélérer avec la succession de mariages qui vont se dérouler. Entre 1871 en 1874, il n’y en aura pas moins de 5, dont 3 furent célébrés à Adon, ceux des trois filles aînées, Marie Thérèse, Renée Pauline, et Gabrielle. (2)
Elles ont été respectivement unies aux familles Viville, Fradin de Bellarbre, et Huon de Kermadec; tous les époux suivaient une carrière militaire, même si pour deux d’entre eux, leur mariage provoqua leur démission.
De manière un peu inhabituelle, Maurice Gabriel de la Fare, le fils cadet, épousa en août 1874, Jeanne Huon de Kermadec, la sœur de son beau frère !
Gaston, le fils aîné et héritier des titres, se maria à Marie Céleste Berger en 1877. Il demeura à Adon, d’abord auprès de sa mère à Rebel Oiseau, puis apès son mariage, aux Grands Roussets ou il se fit construire à son décès une grande demeure qui existe toujours.
Paul, Vicomte de la Fare fut zouave pontifical en 1868 et capitaine des mobiles du Loiret en 1870 (3). Il épousa Valentine de Chergé, également en 1874 (Octobre), mais en Haute Vienne. Plus tard, dans un acte notarié de 1888, il déclare être domicilié au « Château du Manoir » à Ste Geneviève des bois.(1)
Photo: Musée Colette - St Sauveur en Puisaye
Ce qui explique sans doute la rencontre à Châtillon Coligny, entre l’une de ses filles, Jeanne, et la famille Colette, venue s’y installer quelques temps suite à leur revers de fortune à St Sauveur en Puysaye (Yonne), leur village d’origine. Elle se lia avec le demi frère de l’écrivain, le Docteur en Médecine Achille Robineau-Duclos, qu’elle épousa à 21 ans, en Mai 1898, à Châtillon Coligny.
Ce mariage fut peut être considéré par la famille comme une mésalliance, compte tenu des origines roturières du docteur et du passé de son père, alcoolique violent notoire. D’ailleurs, Jeanne, qui est décédée en 1964 à Gagny, a été inhumée dans le caveau des La Fare, et Achille dans celui de sa famille (les parents de l’écrivain Colette)…tous deux, malgré tout, au cimetière de Châtillon Coligny.
Jeanne de la Fare, la petite dernière, partit vivre quelques temps à St Calais dans la Sarthe auprès de sa sœur Marie Thérèse, devenue veuve de Viville, puis épousa Paul Person de Champoly le 16 Juillet 1889. (4)
Marie-Charlotte de Nettancourt-Vaubécourt, l'épouse du Marquis de La Fare, décéda à son tour le 26 novembre 1884, à l'âge de 64 ans, à son domicile de Rebel Oiseau, (2) et rejoignit son mari dans leur caveau de Châtillon Coligny.
En 1888, commence le démembrement de la propriété assemblée par feu le Marquis de La Fare. En effet les 7 enfants vendent une première partie du domaine, les 90 ha de la ferme des Verseaux additionnée de quelques dépendances voisines.
(1) Archives privées
(2) Archives municipales d'Adon
(3) Dictionnaire historique et généalogique des Familles du Poitou - T3 H. Beauchet-Filleau 1891
(4) http://gw3.geneanet.org/pierfit?lang=fr