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Titre du blog : Adon: une Histoire
Auteur : adon45
Date de création : 07-08-2011
 
posté le 11-01-2012 à 18:08:21

L'Eglise Saint Pierre ès Liens

 L'Eglise Saint Pierre aux Liens

 

 

 

 

 

 

L’église St Pierre ès Liens

 

 

Les origines

 

La tradition orale date la construction de l'église actuelle au 14e siècle. Dans un premier temps, seuls le chœur et le sanctuaire auraient été érigés. Puis la nef aurait ensuite été bâtie, probablement au 15e ou 16e siècle.

 

Mais une analyse un peu plus fouillée des matériaux en place laisse un peu songeur quant à la datation exacte.

 

En effet, deux éléments importants subsitent dans les appareils utilisés, pouvant laisser croire à une construction antérieure.

 

  1. L'opus spicatum (en épi de blé)

Cette  dispostion de pierres ou de briques très particulière, héritée des romains, a été utilisée essentiellement pendant la dynastie carolingienne,  de 751 à 957, avec des prolongements d'emploi jusqu'au 12e.

 

Bérangère Bertrand dans sa thèse (1) sur les facades occidentales des églises romanes du Gatinais nous apprend ceci:

 

"La disposition en opus spicatum est également très fréquente, et plus particulièrement dans la partie septentrionale de la région. Ce type d'appareil pouvait être utilisé localement sur la façade (Notre-Dame de Château-Landon, Cortrat et Ury). Il ne faut pas faire remonter à une période trop lointaine l'emploi de cet appareil dans le Gâtinais. En effet, ce type de construction traditionnelle sera utilisé jusqu'à la fin du 11ème et le début du 12ème siècle."

 

 

Opus spicatum (épi de blé) sur le mur sud de la nef

 

 

Ce qui est d'autant plus troublant, c'est que l'emploi de cet opus spicatum apparait sur le mur Sud de la nef, supposée avoir été ajoutée au 15e ou 16e siècle...

 

Opus spicatum (épi de blé) sur le mur sud de la nef (détail)

 

 

 

      2.  Les morceaux de sarcophages

 

A plusieurs endroits sur les murs extérieurs, et notamment ceux de la nef, encore elle, on découvre l'utilisation de morceaux de sarcophages, reconnaissables par leur forme rectangulaire, bien plate et de couleur blanche.

 

Morceaux de sarcophage à l’ Eglise d’Adon

 

 

Or, selon les recherches de P. Rousseau, cité par Bérangère Bertrand:

 

"Dans certaines constructions, comme au porche de Treuzy-Levelay, la maçonnerie en moellons de pierre se retrouve mêlée à des fragments de sarcophages et selon P. Rousseau, la présence de morceaux de sarcophages mélangés à l'appareil caractériserait l'architecture du 11ème siècle dans le Gâtinais."

 

On retrouve d'ailleurs ce même ré-emploi de sarcophages sur les murs de la chapelle Ste Berthe!

 

Le doute est donc permis quant à l'époque de l'édification de l'Eglise, et une recherche plus approfondie par un service spécialisé serait le bienvenu.

D'autant qu'un autre mystère reste à percer: celui de l'ouverture, aujourd'ui murée, mais pourtant bien visible, toujours sur le mur sud de la nef...

 

Ancienne porte au mur Sud de la nef

 

 

Le nom ou vocable de l'église

 

A une époque indéterminée, l'église fut dédiée à St Pierre aux Liens, en souvenir du miracle accompli pendant l'emprisonnement de St Pierre à Jérusalem. En effet, en 43 après JC, celui-ci, emprisonné par Hérode Agrippa, fut délivré miraculeusement de ses chaînes par Dieu, et put ainsi s'échapper (lire dans la Bible: Acte des Apôtres Ch. 12 http://bible.catholique.org/actes-des-apotres/3296-chapitre-12).

 

Le choix du nom de l'église pourrait venir des Seigneurs de Feins, maîtres du territoire à l'époque, qui, ayant participé à une croisade au début du 12e, auraient ramené de Rome des reliques, de la poussière des chaînes de Saint Pierre retrouvées dans la basilique Eudoxienne ou « San Pietro in Vincoli » ("St Pierre aux chaines") à Rome.

 

 

 

Les Chaines de St Pierre dans la basilique San Pietro in Vincoli, Rome

 

Distribuée aux croisés, les Feins l'aurait donnée à l'église d'Adon, placée alors sous le patronage de Saint Pierre aux Liens ; mais une fois encore, le temps a effacé toutes les traces de cette histoire, et de celle-ci à la légende, il n'y a qu'un pas, vite franchi...

D'autant que, malgré nos recherches, nous n'avons pas pu retrouver le nom des Feins dans la liste des chevaliers ayant participé à ces croisades.

 

Mais si on souhaite accorder du crédit à ce récit, ceci corroborerait le fait que l'église ou du moins une partie, était déjà construite à cette époque...