La Guerre de 1914-1918
La mobilisation générale est annoncée le 1er août 1914 dans l’après-midi : vers 16 heures en France, vers 17 heures en Allemagne. Mais selon la situation militaire, civile et géographique de chacun, l’annonce est dans les faits, plus étirée dans le temps. A Adon, ell fut officielle à 16 heures et 45 minutes.
Depuis Paris, l’ordre de mobilisation a été télégraphié aux préfectures. Chaque commune, par le relais de son maire, doit alors informer la population et procéder à l’affichage de l’ordre. Mais à Adon, l’apposition d’une simple affiche ne saurait suffire.
L’urgence de la mobilisation, qui commence à minuit, impose un prompt rassemblement des hommes pour annoncer au plus vite l’ordre de mobilisation. Pour alerter une population rurale en pleine moisson, dispersée dans les champs et les hameaux éloignés parfois de plus d'un kilomètre de la mairie, le maire d'Adon, Albert Gressin, se fait ouvrir l'église par l'abbé Paulin Gourdet, curé d'Adon, et demande au sonneur attitré de faire sonner le tocsin aux cloches de l'église.
Avant même d’entendre l’ordre de mobilisation, les Adonnais savent que le tocsin est synonyme de catastrophe. Depuis des siècles, il a été la sonnerie de la guerre et de la violence collective.
De plus, les tensions diplomatiques de l’été préoccupent, et les rumeurs prennent forme peu à peu qui, irriguant avec plus ou moins d’intensité villes et campagnes, commencent à agiter le spectre de la guerre.
L’appel du tambour complète celui de la cloche. Le tambour est l’autre grande sonnerie collective du XIXe siècle. S’il n’a pas la même portée que la cloche, c’est lui qui appelle à écouter les annonces publiques lues dans le village.
Ainsi vient-il compléter le paysage sonore de l’annonce de la mobilisation. Cloche religieuse et tambour civil authentifient une solennité martiale qui précède la lecture de l’ordre.
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Le départ des foyers
Les rassemblements sont échelonnés afin d’éviter de trop grands afflux sur les routes et les chemins de fer. Si les conscrits et les soldats de l’active sont déjà encasernés, les réservistes doivent rapidement s’adapter aux exigences militaires et à la préparation d’une campagne de guerre. Une fois tous les réservistes arrivés, les unités d’active peuvent partir pour leur zone de concentration, point de départ vers les lieux d’opérations choisis par l’état-major.
Ces déplacements de centaines de milliers d’hommes et de chevaux, accompagnés de leur matériel, nécessite une mobilisation sans précédent des chemins de fer. Au final, en France, 16 500 trains militaires circulent entre le 1er et le 20 août.
Le voyage en train vers la zone de concentration a constitué pour les soldats la deuxième expérience collective de la guerre. S’il a duré bien moins longtemps que le séjour en caserne, il a marqué fortement les esprits et son souvenir. Pour de nombreux soldats, il représente parfois le premier, et dans bien des cas le dernier, long voyage de leur vie : les Français de 1914 sont certes plus mobiles qu’un siècle auparavant, mais les très nombreux paysans d'Adon ont pour la plus part, un horizon de vie géographique très souvent limité à leur environnement immédiat, tout au plus à leur région, découverte lors de leur service militaire pour les plus âgés.
Malgré l’émotion et la tristesse de la séparation, les Français et les Adonnais en particulier ont surtout manifesté une attitude pleine de sang-froid. Dans la résignation, entre la consternation et l’enthousiasme, ils ont le sentiment du devoir à accomplir dans l’obéissance à la loi.
Quand ils montent dans le train, les Adonnais ne savent pas où ils seront débarqués. Tous imaginent bien qu’il s’agit d'aller vers l’Est, mais la localisation de leur zone de concentration est ignorée. La plupart se persuadent, comme la presse d'ailleurs, que le conflit, s'il éclate, sera court.
À la mi-août, l’armée française est prête et se lance dans les premières grandes offensives. À la fin du mois, plusieurs dizaines de milliers de jeunes Français ont déjà trouvé la mort.
Le premier Adonnais décédé sur le champs de bataille est Auguste Doubre, le 17 Octobre 1914.
Source: Gallica/BNF
La triste réalité
Pour l'essentiel des Français restés au pays, et notamment des Adonnais, la guerre n'eut pas d'impact direct, puisqu'elle fut concentrée sur les départements du Nord et de l'Est de la France.
Il fallait néanmoins assurer le travail aux champs sans l'aide précieuse de tous ces hommes, dans la force de l'age, mais absents.
De même, les chevaux avaient été réquisitionnés par l'armée, rendant le travail aux champs plus compliqué encore.
Source : Gallica/BNF
Pour autant, la première guerre mondiale fut la plus grande catastrophe dans l'histoire de l'humanité avec ses 19 millions de morts et 22 millions de blessés. En France, on a dénombré 1 697 800 tués et 4 266 000 blessés.
Pour ce qui concerne Adon, 20 hommes ont été déclarés "morts pour la France". Il n'existe pas de statistiques locales concernant les blessés, mais si on applique le ratio national, une cinquantaine d'hommes seraient rentrés blessés.
La population d'Adon en 1914 est estimée à 480 personnes, probablement réparties sur environ 80 familles. On mesure donc l'impact de cette hécatombe sur la vie familiale et économique des Adonnais!
Le monument aux morts d'Adon
Voici, par ordre alphabétique, la liste des "Morts pour la France" d'Adon au cours de la Grande Guerre:
AGOGUE Camille François : Né le 26 juillet 1882 à Poilly lez Gien, où son père était cultivateur. Classe de 1902 sous le n°matricule 811 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 282ème RI, il est tué à l’ennemi à Notre Dame de Lorette (Pas de Calais) le 14 mai 1915. Il avait 33 ans, et laissait une famille.
ANDRE Armand Eugéne : Né le 30 janvier 1884 à Saint Maurice sur Aveyron. Classe de 1904 sous le n° matricule 273 au recrutement de .Montargis. Cannonier conducteur de 2ème classe au 121ème RA , il décède d’une maladie contractée en service le 17 octobre 1918 à l’ambulance 14/22 de Ecury sur Coole (Marne). Il avait 34 ans, et laissait une famille.
BAILLY André Maurice : Né le 21 novembre 1895 à Adon, au Petit Tallot, où son père était cultivateur. Classe de 1915 sous le n° matricule 697 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 113ème RI, il décède de maladie contractée au service le 2 mars 1915 à l' hôpital mixte de Blois (Loir et Cher). Il avait 19 ans.
BEAUFOL Ernest Arthur : Né le 21 juin 1889 à Adon, à Brisepot, où son père était manoeuvre. Classe de 1909 sous le n° matricule 441 au recrutement de Montargis. Brigadier au 11ème Cuirassiers à Pied, il est tué dans les tranchées des Cautes lors d’une attaque ennemie près de Souains (Marne) le 29 septembre 1915. Il avait 26 ans et résidait en dernier lieu à Feins en Gâtinais. Il est inhumé à la Nécropole Nationale « La Crouée » de Souains-Perthes les Hurlus (Marne) dans le carré 1°E sous la tombe individuelle n° 2383.
BERTHEAU Eugène : Né le 30 août 1890 à Boismorand où son père était fermier. Classe de 1910 sous le n° matricule 821 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 168ème RI, il décède de ses blessures à l'hôpital militaire de Stenay (Meuse) le 24 janvier 1916. Il avait 25 ans et résidait en dernier lieu à Adon. Il est inhumé dans le carré militaire « Ossuaires de Stenay » à Stenay (Meuse) dans le carré « Garnison » sous la tombe individuelle n° 15.
BOTTEMINE Léon Paul Armand : Né le 2 novembre 1894 à Adon, aux Verseaux, où son père était journalier agricole. Classe de 1914 sous le n° matricule 295 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 1er Bataillon de Chasseurs à Pied, il dècède des suites de maladie contractée au front à l'hôpital complémentaire 8Bis annexe à Troyes (Aube) le 1er octobre 1917. Il avait 22 ans. Il est inhumé à la Nécropole Nationale « La Ferme de Suippes » à Suippes (Marne) dans le carré 14/18Troyes sous la tombe individuelle n° 639.
BOTTEMINE Pierre : Décedé durant le conflit de 1914-1918 (Pas d’autres informations )
BRAGUE Augustin Albert : (Le monument aux Morts le prénomme par erreur "Auguste") Né le 18 septembre 1895 à Saint Firmin sur Loire où son père était journalier agricole. Classe de 1915 sous le n° matricule 712 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 4ème Bataillon de Chasseurs à Pied, il décède de ses blessures à Avesnes le Comte (Pas de Calais) le 14 juillet 1915. Il avait 19 ans et résidait en dernier lieu à Adon.Il est inhumé dans le carré militaire d’Avesnes le Comte (Pas de Calais) sous la tombe individuelle n° 159.
CHENAULT François Célestin : Né le 14 décembre 1882 aux Choux où son père était journalier agricole. Classe de 1902 sous le n° matricule 1174 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 20ème Bataillon de Chasseurs à Pied, il est tué à l’ennemi à Notre Dame de Lorette (Pas de Calais) le 12 mai 1915. Il avait 32 ans et résidait en dernier lieu à Adon, et laissait une famille.
DOUBRE Auguste Alfred : Né le 16 juin 1880 à Adon, aux Grands Beaugets, où son père était garçon laboureur. Classe de 1900 sous le n° matricule 266 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 20ème Bataillon de Chasseurs à Pied, il décède de ses blessures à l'hôpital Sainte Barbe de Bruay la Buissiere (Pas de Calais) le 17 octobre 1914. Il avait 34 ans et laissait une famille. Il est inhumé dans le carré militaire de Bruay la Buissière (Pas de Calais) sous la tombe individuelle n° 362.
FLEURY Marcel Raymond Antoine : Né le 30 octobre 1897 au Petit Grenon, à Escrignelles où son père était journalier. Classe de 1917 sous le n° matricule 332 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 113ème RI, il décède de ses blessures à l'ambulance 1/96 SP 7 de Guyencourt (Aisne) le 18 avril 1917. Il avait 19 ans et résidait en dernier lieu à Adon. Il est inhumé à la Nécropole Nationale de Pontavert (Aisne) sous la tombe individuelle n° 1941.
GAUDIN Marcel Ernest : Né le 21 aout 1896 à Adon, à La Baronnerie, où son père était cultivateur. Classe de 1916 sous le n° matricule 1134 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 31ème RI, il décède de ses blessures aux bois des Buttes, près de Montavert (Aisne) le 12 avril 1917. Il avait 20 ans
LEGENDRE Emile François : Né le 18 octobre 1873 à la Bussière où son père était journalier agricole. Classe de 1893 sous le n° matricule 1303 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 59ème RIT, il est porté disparu en mer, suite au naufrage du Gallia (Mer Méditerranée) le 4 octobre 1916. Il avait 42 ans, et laissait une famille.
LOUP Louis Joseph Alexandre : Né le 1er février 1884 à Sury aux Bois où son père était manoeuvre agricole. Classe de 1904 sous le n° matricule 1565 au recrutement de Cosne (Cher). Soldat de 2ème classe au 1er Bataillon de Chasseurs à Pied, il est tué à l’ennemi à Vyschaette (Belgique) le 9 novembre 1914. Il avait 30 ans et laissait une famille.
MAIGNAN Joseph Marcel Abel : Né le 30 août 1893 à Adon. Classe de 1913 sous le n° matricule 418 au recrutement de Montargis. Soldat de 2ème classe au 17ème Bataillon de Chasseurs Alpins venant du 20ème Bataillon de Chasseurs, il est tué à l’ennemi à la corne de Darspack à Schonholz (Alsace) le 7 novembre 1917. Il avait 23 ans. Il est inhumé à la Nécropole Nationale de Dannemarie (Haut Rhin) sous la tombe individuelle n° 155
MILLOU Louis : Décédé durant le conflit de 1914-1918 (Pas d’autres informations)
MOREAU Gaston : Né le 21 juin 1896 à Ouzouer sur Trézéeoù son père était vigneron. Classe de 1916 sous le n° matricule 1159 au recrutement de Montargis. 2ème Canonnier Servant au 10ème RAC, il décède d une maladie contractée en service commandé à l’hôpital Complémentaire des Armées n° 19 à Raon l’Etape (Vosges) le 14 octobre 1918. Il avait 22 ans et résidait en dernier lieu à Adon.
NORAIS Maurice : Décedé durant le conflit de 1914-1918 (Pas d’ autres informations)
PUTOIS Henri Victor : Né le 16 janvier 1889 au bourg d' Adon, où son père était journalier agricole. Classe de 1909 sous le n° matricule 316 au recrutement de Fontainebleau. Sous Lieutenant au 356ème RI, il décède de ses blessures à Belleville (Meurthe et Moselle) le 8 juillet 1916. Il avait 27 ans.
THIERRY Jean Louis Marie : Né le 26 Février 1883 à Sainte Geneviève des Bois où son père était cultivateur. Classe de 1903 sous le n° matricule 613 au recrutement de Montargis. Soldat de 1ère classe au 60ème RI, il est tué à l’ennemi aux Bois de Courton (Marne) le 20 juillet 1918. Il avait 34 ans, résidait en dernier lieu à Adon, et laissait une famille.
Sources:
http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/societe/aout-1914-la-mobilisation-generale
http://monument.pagesperso-orange.fr/Divers/Guerre.html
Commentaires
Bonsoir,
Je ne connais pas votre village, mais votre article est très bien fait, un hommage à ceux qui ont perdu la vie durant cette guerre, mais aussi aux braves gens, et surtout les femmes, qui sont restés au village pour continuer de faire vivre le village.
... la sale guerre comme on disait, mais je crois qu'aucune guerre n'est propre,.
Espérons que nous n'en connaîtrons pas d'autres.
Au plaisir de vous relire.
Gégédu28