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Titre du blog : Adon: une Histoire
Auteur : adon45
Date de création : 07-08-2011
 
posté le 07-06-2013 à 14:15:57

Les Pierres Tombales

 

 

 

L'église d'Adon est riche de 5 pierres tombales sur son sol .

 

Deux sont dans l'allée centrale et ont eu à supporter des milliers de passages depuis plusieurs siècles: leurs inscritiptions sont aujourd'hui complètement effacées; malgré cela, nous verrons  qu'il est néanmoins possible de les identifier.

 

Deux autres leur sont perpendiculaires, et se situent de chaque côté de l'allée centrale , juste avant la grille séparant la nef du choeur.

 

Enfin, la cinquième, assez petite, se trouve dans le choeur, devant la porte de la sacristie.

 

 

Photo: C. Parmisari

Eglise D’Adon: Intérieur

 

 

 

Avant de découvrir à qui ces tombes ont été dédiées, il est interressant de se pencher sur cette coutume très ancienne mais aussi très codifiée:

 

" L'inhumation dans les églises constitue une réalité ancienne si bien connue que l'on omet quelquefois d'en souligner le caractère exceptionnel : elle s'inscrit pourtant en rupture totale avec le double héritage gréco-romain et juif de l'aire culturelle européenne.

La source testamentaire a montré cet envahissement des lieux de culte par les tombes dans les deux derniers siècles du Moyen Age, tout en marquant son caractère évolutif; une sorte d'apogée doit se situer au cours du XVIIe siècle, une décrue intervenant au XVIIIe siècle.

 

Les évêques sont, sous l'Ancien Régime, seuls compétents en droit pour affecter à la sépulture un lieu de culte qui n'en renferme pas encore, de même que pour décider du principe de la création ou la désaffectation d'un cimetière. L'évêque a aussi le droit de « fixer dans son diocèse la qualité des personnes qu'on pourra enterrer dans l'église ou se réserver s'il le juge à propos, le pouvoir d'accorder cette permission » (Héricourt). " (1)

 

 

L'analyse détaillée des registres paroissiaux nous révèle les noms des 5 personnes qui furent enterrées dans l'église. Il s'agit de :

  1. Jacques André            curé d'Adon de 1683 à 1685
  2. François le Camus     curé d'Adon de 1685 à 1694
  3. Edme Imbert                 curé d'Adon de 1694 à 1705
  4. Charlotte de Gadois   décédée en 1703
  5. Daniel Grouet               décédé en 1690

Ainsi qu'on l'a vu plus haut, ces cinq tombes correspondent bien à la période de la fin du 17e et du début 18e, qui connut un pic de cette pratique.

 

La première de celles ci abrite les restes de Francois le Camus, décédé le 4 janvier 1695, après 10 ans de services à Adon.

 

 

Pierre tombale de François le Camus (1694)

 

L'inscription en français qui y figure est pafaitement lisible, et dit ceci:

 

"Cy Gist le corps de Mtre François Lecamus, prêtre et curé d'Adon et cy devant Tannerre, qui mourut le 2 Janvier 1694 à l'age de 64 ans. Pries (sic)Dieu pour le repos de son âme. "

 

 

 

 

Elle est par ailleurs ornée d'une belle tête de mort, selon la coutume de l'époque!

 

 

 

Celles de Jacques André, curé d'Adon pendant deux ans et de Edme Imbert, pendant onze ans,  ne sont pas reconnaissables, car leurs inscrptions y sont totalement effacées. On peut nénmoins penser qu'elles ont été alignées dans un ordre chronologique, avec celle de Jacques André au plus près du Choeur, suivie de celle de Edme Imbert.

 

 

 

 

 

 

La quatrième sépulture est celle de Charlotte de Gadois, décédée en 1703. Veuve de François de Gadois, Ecuyer et Seigneur de la Motte d'Adon, elle a été inhumée dans le choeur, ainsi que l'atteste le registre paroissial. Elle se trouve au pied de la porte de la sacristie, juste avant la marche.

 

Pierre tombale de Charlotte de Gadois (1703)

 

 

Les inscriptions de cette tombe restent assez lisibles, bien que mystérieuses car incompréhensibles, mises à part les lettres grecques stylisées "Alpha" et " Omega" de chaque côté de la croix.

 

 

 

 

Cette sépulture, dans le choeur même de l'église, fut un privilège rare qu'elle avait négocié avec le Marquis du Tillet, dont ses terres dépendaient, au cours du règlement d'un différent qui les avait opposé.

 

 

La cinquième tombe est plus énigmatique.

 

En effet, elle abrite la sépulture de Daniel Grouet, Ecuyer, qui était domicilié à Rogny les sept écluses.  Comme on le verra ci dessous, il avait visiblement des liens forts avec Adon, mais comment expliquer qu'il fut enterré dans l'église même d'Adon? Cette question est pour l'instant sans réponse...

 

 

 

 

On trouve la trace en 1650 d'un premier Daniel Grouet, écuyer, avocat en parlement, qui par son mariage avec Catherine de Villemor, était devenu Seigneur de la Denizière, petit fief démembré de La Brûlerie, à Rogny les sept Ecluses.(2)

 

Daniel Grouet (2), son fils, celui qui repose dans l'église, écuyer, conseiller du roi, commissaire ordinaire des guerres, commissaire à la conduite du régiment de Picardie, avait épousé Marguerite Amyot. Devenu Seigneur de la Denizière à son tour en 1659, il verse une somme de 1,000 livres à son oncle Joseph de Villemor, écuyer, seigneur de Crannay en partie, en échange des droits que ce dernier avait à la succession de Catherine de Villemor, sa sœur.


On voit ausi Daniel Grouet  signer « de la Denizière » sur plusieurs actes de baptêmes ou de sépultures comme parrain ou témoin à Adon.(3)

                                                                         Source: Archives départementales du Loiret

Signature de Daniel Grouet pour le baptême de sa fille Marie en Avril 1674


.Le 18 Avril 1674, toujours à Adon, il baptise  sa fille Marie, dont le parrain est Jean du Faur, Seigneur de Cormont, et la marraine Marie de Conquérant (épouse de Louis de Villemor, Seigneur de La Brûlerie et du Parc à Rogny).

Marie n'a pas vécu longtemps puisqu'elle fut inhumée à Adon l'année suivante, le 26 janvier 1675.

 

Le 3 janvier 1683, son fils Jean Grouet, est parrain à Adon.

 

Finalement, Daniel Grouet est inhumé dans l'église d'Adon le 4 juin 1690 ; sa pierre tombale se trouve à droite, juste avant la grille séparant la nef du chœur. Mlalheureusement, la pierre calcaire est rongée par le temps, et ne laisse deviner qu'une toute petite partie du texte latin qui y figure:


D . O . M(4)


Ici repose Daniel Grouet
Ecuyer renommé...

 

 

 

 

(1)  Statut des morts dans les lieux de cultes catholiques à l'époque moderne  Régis Bertrand p. 9-19

(2) Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Volume 50 1896  p.62 Source: Gallica

(3) Registres paroissiaux Source; Archives Départementales du Loiret

(4) DOM est le sigle de la locution latine "Deo optimo maximo" signifiant « à Dieu très bon, très grand »