La Chapelle Sainte Berthe (1)
Préambule
Depuis près de 600 ans, la Chapelle Sainte Berthe est une propriété privée, ce qui est toujours le cas aujourd'hui. Elle n'est donc pas accessible sans autorisation et n'est pas visitable.
Nous remercions les propriértaires d'avoir accepté la publication sur ce site des photographies de la chapelle.
Introduction
Saint Savinien serait arrivé vers 240 à Sens pour précher la nouvelle religion catholique. Il y serait devenu le premier évèque, avant d'être assasiné.
Source: Bibliothèque nationale de France.
En 496, Clovis est baptisé à Reims. Le Pouvoir et l'Eglise ont à cette occasion choisi de faire cause commune pour de nombreux siècles. La royauté s'installe alors à Paris, et la loi salique, qui, entre autres, interdit aux femmes d'accéder au trône, est instituée.
Clovis confie à des comtes, le gouvernement de Sens et d'Auxerre.
Avec la christianisation progressive des populations, l'Eglise joue un rôle de plus en plus prépondérant dans l'organisation d'un royaume en pleine mutation. Sous les Mérovingiens (481-751) puis les Carolingiens (jusqu'en 987), l'archevêque, comte de Sens, exerce conjointement les pouvoirs temporel et spirituel.
Il entretient des liens très hiérarchisés avec les prêtres nommés auprès de chaque chapelle puis paroisse. L'évêché bénéficie aussi de tous les revenus des possessions, de la dîme et des services du culte, qui deviennent vite considérables.
La religion catholique s'imposa rapidement dans les villes, mais mit infiniment plus de temps à s'intégrer en milieu rural.
Et ce n'est que par la superposition des nouvaux rituels sur les anciens que la nouvelle religion put progressivement s'imposer.
D'ailleurs, l'imbrication des coutumes anciennes et des nouveaux rites chrétiens restera longtemps ancrée dans les traditions des campagnes.
C'est donc cette pratique de superposition qui a très probablement motivé l'édification de la Chapelle Sainte Croix à Adon, , connue localement, depuis au moins la deuxième moitié du 15e siècle, sous le nom de Chapelle Sainte Berthe.
En effet, il existe à cet emplacement une source dont les habitants vénéraient les propriétés surnaturelles, en particulier celle de faire pleuvoir en période de sécheresse. (1)
L'Eglise a donc emboîté le pas à ces vieilles coutumes et y a installé son propre lieu de culte, afin de pouvoir convertir et canaliser plus facilement les populations qui s'y rendaient en masse, notamment lorsque la sécheresse sévissait.
La Chapelle Ste Berthe a fait l'objet de bien des attentions locales depuis une cinquantaine d'années, sans pour autant que son sort n'ait beaucoup évolué. C'est aujourd'hui une ruine en très mauvais état, ayant été probablement une charge trop importante et sans réel intérêt pour ses propriétaires privés successifs des 150 dernières années.
A l'exception peut être de François-Edme Rameau de St Père qui souhaita commencer des travaux à la fin des années 1890: son décès, en 1899, l'empêcha de mettre son projet à exécution.
Des auteurs locaux, historiens et journalistes, ont essayé de retracer l'histoire ancienne de la Chapelle. Le plus connu d'entre eux de l'époque récente est le Journal de Gien, (à qui il faut rendre hommage pour avoir servi la cause du patrimoine historique d'Adon), qui y consacra plusieurs articles, notamment en 1966.
Très largement inspiré par les écrits de L'Abbé Patron, et notamment de ses "Recherches historiques sur l'Orléanais" (1870), ces articles (repris depuis par tous les historiens régionaux et l'ensemble de ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la chapelle) reprennent, pour une bonne part, les informations de L'Abbé Patron ; malheureusement celui-ci, s'étant contenté d'assembler des informations envoyées par les prêtres locaux sans les vérifier, n'avance aucune preuve et ne cite aucune source, ce qui fragilise beaucoup son discours.
D'ailleurs les auteurs de « Paroisses et Communes de France - Loiret » publié en 1982 par les Editions du CNRS sous la direction de JP Bardet, mettent en garde le lecteur à la page 60:
« ...L'ouvrage de l'abbé Patron, "Recherches historiques sur l'Orléanais" publié en 1870 et 1871 ou l'on trouve une notice sur chaque commune du Loiret... travail de compilation dans une large mesure, dont les sources ne sont qu'exceptionnellement citées, cet ouvrage doit être utilisé avec précautions en raison de ses erreurs et de ses imprécisions. »
A l'éclairage des connaissances toujours plus approfondies de notre Histoire, et des recherches détaillées que nous avons pu faire, nous allons essayer de mettre en lumière ce que nous savons aujourd'hui afin de distinguer au maximum les faits historiques de la légende, et la réalité des supputations.
Les articles suivants vont donc remettre en question bon nombre d'informations prises pour argent comptant depuis près d'un siècle et demi...
(1) Ceci n'est pas une certitude absolue, puisqu'aucune "source" vérifiable n'existe; mais par extrapolation, cette déduction parait tout à fait vraisemblable, puisque beacoup plus tard, la population de toute la région continuait à s'y rendre en procession par temps de grande sécheresse, ainsi que les registres paroissiaux en témoignent,