La vie à Adon sous l'ancien Régime
Adon sous l'administration royale
Quand on lit les quelques résumés historiques concernant Adon on trouve souvent cette phrase :
« Adon était de l'Intendance d'Orléans, de l'Election de Montargis, et du Baillage de Gien », et on passe à autre chose, sans trop comprendre ce qu'on a lu.
Dans ce chapitre et les suivants, nous allons donc présenter la réalité que recouvraient ces termes et quelques autres... puisque la vie sous l'ancien régime était régie par un nombre important d'instances de toutes sortes, dans lesquelles le laboureur illettré d'Adon devait bien avoir du mal à se retrouver. (1)
1. L'intendance (ou "Généralité")
Sous la Royauté, Il s'agit de la circonscription administrative la plus vaste, d'abord appelé « Généralité ». Pour la diriger, on nomme un « Intendant de justice, police et finances ».
Ses pouvoirs sont très vastes, et il est donc capable, au nom du roi, de régenter la vie de ses concitoyens pratiquement dans tous les domaines : une sorte de préfet à l'ancienne. Peu à peu, au XVIlle siècle, le terme « Intendance » s'imposa.
La plus grande partie du territoire formant actuellement le département du Loiret, c'est donc le cas d'Adon et des villages voisins, appartenait à la « Généralité » ou « Intendance » d'Orléans.
L'hôtel Groslot à Orléans, construit en 1530, servit d'abord de résidence au Bailli (Jérome Groslot lui-même) puis aux Intendants. Il abrite aujourd'hui la mairie.
Photo: Eric Uforyou sur http://www.trekearth.com
La Généralité d'Orléans fut créée par édit du mois d'Août 1558 sous Henri II. Supprimée peu après, elle fut néanmoins rétablie en 1575, en application de l'édit de Septembre 1573 de Charles IX.
2. Les Elections
C'est la Taille, l'impôt direct le plus lourd de l'Ancien Régime, destiné à faire contribuer les sujets appartenant au Tiers-État à l'effort de guerre de la monarchie, remontant au XIVe siècle, qui est à l'origine de la création des Elections.
D'abord confié à des «élus» qui opérèrent jusqu'à la fin du XIVe siècle dans le cadre religieux traditionnel du diocèse, il apparut rapidement que l'amélioration du rendement de l'impôt impliquait des circonscriptions fiscales moins vastes. On s'affranchit donc des diocèses pour resserrer les territoires, en s'inspirant parfois des archidiaconés, circonscriptions religieuses plus modestes. Ainsi se formèrent progressivement les élections, le cadre essentiel de la fiscalité royale (1).
Les frontières de l'Election de Montargis carte de 1719 Source: Gallica
Le « diocèse » de Sens du XIVe siècle donna donc naissance à un grand nombre d' « Elections », dont celle de Montargis, établie par l'édit de Saint-Maur-des-Fossés de juillet 1544, par démembrement de l'élection de «Sens et Montargis». Elle comptait 85 paroisses.
Adon qui faisait partie de l'archidiaconé du Gâtinais et du doyenné de Ferrières, au sein de l'archevêché de Sens, y fut naturellement rattaché.
L'autre Election la plus proche était celle de Gien avec 77 paroisses
Les habitants d'Adon contribuèrent ainsi aux finances du royaume en payant une partie de leurs impôts à Montargis.
3. Le Baillage
Source: Gallica .Texte intégral sur:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8611282p
Le Baillage est la juridiction chargée de faire appliquer la justice du roi.
Les bailliages ont été établis au XIIe siècle sur le domaine royal, notamment par Philippe Auguste. Il était à l'origine porté par des commissaires royaux qui rendaient la justice, percevaient les impôts et recevaient, au nom de la couronne, les plaintes du peuple contre les seigneurs.
Leur juridiction, régularisée avec les Capétiens fut d'abord très étendue ; mais l'abus qu'ils firent de leur puissance obligea les rois à la réduire. Vers le XVIe siècle, le rôle du « bailli » était devenu simplement honorifique, le Lieutenant général du bailliage et d'autres officiers se répartissant son pouvoir. Néanmoins, leur office était noble et d'épée.
Pour Adon, le baillage le plus proche était celui de Gien, bien qu'il existât également, au début de l'administration judiciaire, une prévôté (le premier degré de la justice royale) à Ouzouer sur Trézée. Mais celle-ci, devenue incompétente, fut réunie au baillage de Gien par l'édit de juillet 1738 sous Louis XV.
4. Les impôts
La Taille
Source: Gallica
Initialement instituée au XIe siècle pour payer la protection du Seigneur local (dans le cas d'Adon, il s'agissait de la famille de Feins), cet impôt tomba en désuétude mais fut repris en 1439 et devint la Taille Royale.
Les Adonais payaient donc cet impôt qui était fixé par le Conseil des Finances et ensuite réparti entre les intendances, puis dans les élections.
Des «collecteurs» choisis parmi les Adonnais eux-mêmes se réunissaient en assemblée et dressaient le «rôle» annuel de la taille et des impositions accessoires, chaque chef de « feu » (Chef de famille) y figurant avec la
« cote » à payer. La cellule fiscale de base était donc la paroisse d'Adon et sa communauté d'habitants.
Néanmoins, compte tenu du très grand nombre de laboureurs pauvres de la commune, peu d'habitants devaient y être soumis.
La Gabelle
Ordonance de Louis XIV de 1680 fixant le prix
du minot de sel Source: Google books
De tous les impôts indirects, la gabelle ou taxe sur le sel était le plus lourd. Adon faisant partie des provinces de la « grande gabelle », on y payait donc le sel au taux maximum. Le sel était détenu sous bonne garde dans des greniers à sel dont la création remonte à 1342 (par Philippe VI, au début de la guerre de Cent ans et pour financer celle ci). Celui dont Adon dépendait était à Gien et fut créé en Mai 1389.
Comme pour la Taille, des rôles étaient tenus et chacun payait selon sa situation.
Tous les greniers à sel étaient cependant « de vente volontaire », c'est-à-dire que seuls les plus aisés étaient tenus d'y acheter chaque année un minot de sel (soit environ 50kg) pour quatorze personnes, âgées de plus de huit ans, mais, quand ils le voulaient.
Les pauvres - ceux qui payaient moins de 30 sous de Taille - c'est-à-dire la grande majorité des habitants d'Adon, pouvaient s'approvisionner au détail, au magasin de la paroisse (appelé le «regrat»), et n'acheter que la quantité de sel correspondant à leurs besoins.
(En 1685, Augustin de Lespinasse, était conseiller du Roi en l'election de Gien, lieutenant criminel au grenier à sel, contrôleur et commissaire et examinateur es elections et grenier à sel de Gien. Sa fille Marie Anne épousa Jean-Edmé VANNIER des MONTEAUX Seigneur des Monteaux, bourgeois de Gien, héritier de la famille Bourgeois, gros propriétaire terrien à Adon, et notamment des Beaugets, Tallot et Sainte Berthe)
(1) Ce chapitre est très largement inspiré par l'excellent ouvrage « Paroisses et Communes de France -Loiret» publié sous la direction de JP Bardet aux éditions du CNRS