La vie de l'Eglise (2)
Hormis les mentions de la cure d'Adon dans le Pouillé (1) de Sens, nous n'avons pas de traces tangibles de la vie de l'église d'Adon avant le début du 17e.
Mais à partir de cette époque, nous avons la chance d'avoir un assez grand nombre d'évènements consignés par écrit (notamment dans les registres paroissiaux) dont certains sont détaillés ci-dessous.
1350
Le Pouillé de Sens répertorie la paroisse d'Adon sous la forme suivante:
Adons, patronatus Archiepiscopi
(signifiant que les revenus étaient dus à l'Archevéché) (2)
Au sein du seul doyenné de Ferrières en Gatinais, qui comptait 109 établissements religieux, et ce jusqu'à la Révolution, la Paroisse d'Adon, dont la population était alors la plus nombreuse des environs immédiats, était tenue de verser 70 Livres par an.
Par comparaison, La Bussière versait 40 Livres, Feins 25 Livres, Boismorand 40 Livres, Dammarie sur Loing 50 Livres, etc.
1631: Edification de la grande croix du cimetière
Un parchemin original (3) atteste que :
« Au dit an 1631 ont été faites à neuf les fontes de la dite église d'Adon, et a été acheté le bassin d'airain qui y est d'Orléans, a aussi au dit an été fait le plancher de la nef de la dite église et la corniche qui est au grand autel. Ensemble a été bastie la grande Croix de pierre qui est dans le cimetière. Guillaume Guillebost et Charles Hislay estans alors marguilliers. 1631
Signé : Lallemant » (4)
Il est quasiment certain que le piédestal supportant le « bassin d'airain » servant de baptistère dans la niche de droite en rentrant dans l'église, est celui qui supportait cette grande Croix.
1631: Transfert des reliques de Sainte Bathilde dans un nouvelle châsse.
Décidément riche en évènements, 1631 vit également le transfert des reliques de Ste Bathilde/Berthe dans une toute nouvelle châsse. Le texte, issu de l'acte authentique, relatant cette cérémonie est transcrit à l'identique ci dessous:
L'an Mil six Cent Trente et Un, le Mardi sixième jour de May, feste de Saint Jehan Porte Latine, les reliques de Madame Sainte Berthe ont été transférées de l'ancienne châsse en la présente pareillement les reliques de la dite sainte qui étaient dans le chef, toutes lesquelles reliques sont ensemblement dans la dite châsse et y ont été posées par vénérable et discrète personne maistre Charles Gravot Doyen de Chatillon sur Loing de mandement et permission de Monseigneur l'Archevesque de Sens, et présence de maistre Esmé Lallemant trésorier et Estienne Fernault Prestres et Chanoines de la dite église de Chatillon et desservants alors la cure d'Adon annexée audit Chapitre par le susdit seigneur Archevesque, Octave de Bellegarde en l'an Mil six cent vingt six après le décès de maistre Pierre Jousset dernier curé du dit lieu qui mourru le Vingtième d'aout audit an 1626.
Signé : Gravot et Lallemant
Ces deux évènements importants pour le village venaient marquer la fin de l'épidémie de peste qui sévit à Adon et dans tout le Gâtinais, ainsi que la mention, se trouvant sur le même parchemin, en témoigne:
"L'an mil six cens trente un, la chère année 1631"
"L'an mil six cens vint huit la contagion universelle à Adon et dans la paroisse 1628 "
1683: Baptème de la cloche
Registre Paroissial : AD du Loiret
Cette année là, le 9 Novembre, la nouvelle cloche fut baptisée.
Elle fut nommée « Charlotte Françoise » par le Marquis de la Bussière, Charles du Tillet (Seigneur d'Arrabloy, Adon, Moyen, et autres lieux...) lui-même, et en sa présence.
La cérémonie eut lieu avec le concours de Sébastien Rouault, Docteur en droit canon et chanoine de l'église collégiale de St Pierre de Châtillon sur Loing, et de Jacques André, le Curé d'Adon.
Le Marquis du Tillet s'était fait accompagné par un collègue et ami, le Seigneur de Courtheraye, comme lui Conseiller du Roi en son Parlement de Paris, et son épouse, Françoise Frézon, marraine de la cloche.
1691 : Abjuration d'un calviniste
Registre Paroissial : AD du Loiret
Le 25 Novembre eut lieu à l'église un évènement apparemment unique sur la commune : l'abjuration d'un ancien protestant et son retour dans la foi catholique.
Pierre Babault a en effet abjuré de la « religion calviniste » et a été réintégré en recevant publiquement « l'absolution de son hérésie et remis dans le giron de l'église catholique apostolique et romaine ».
C'est François le Camus, curé d'Adon qui officia, en vertu de « la permission accordée par Mr Boisleau, Docteur de Sorbonne, Doyen de l'église métropolitaine de Sens, official et grand vicaire de la dite église. »
Cette cérémonie fut faite en public, et en présence de nombreux témoins dont certains ont contre signé l'acte.
1716 : Baptème de la deuxième cloche
Cette nouvelle cloche portait l'inscription suivante (relevée en 1881, au remplacement de celle ci) :
"Sancta Petre ora pro nobis. L'an 1716. J'ai été bénite par Maitre Antoine Ozon, prêtre gradué en théologie de l'université de Paris, curé de la paroisse d'Adon et bénéficiaire de la chapelle de Ste Berthe. Je fus François Louise, par Monsieur François Mahon de la Taille, Ecuyer, parrain et par Demoiselle Louise de Gadois, fille de défunt Michel de Gadois, Ecuyer, Seigneur de la Motte et de la grande Métairie d'Adon marraine. M et François Mollot m'ont faite. Thierry et Pierre Doveets étant marguillers" (5)
1809 : Retour des reliques de Sainte Bathilde à l'église
En 1794, les paroissiens décidèrent de mettre les reliques de Ste Bathilde à l'abri dans la Chapelle Ste Berthe, afin de les préserver du zèle potentiel des révolutionnaires.
L'orage passé, les paroissiens se réunirent, et une lettre fut formellement adressée à Madame Bricon afin que les reliques reviennent dans l'église d'Adon. La chasse de 1631 fut alors rénovée.(5)
Le souvenir de cette cérémonie fut consigné par l'abbé Souesme, curé d'Adon dans l'acte (3) ci dessous:
Nous soussignés Pierre Etienne Souesme, curé de cette paroisse d'Adon, Laurent Imbault curé des Choux, Claude Benjamin Vallet Curé de St Louis de Gien et Dame Marie Jeanne Vannier veuve du sieur Claude Benjamin Bricon, ancien procureur du Roy au baillage royal de Gien, nous avons déposé ce jourd'hui dans la présente châsse les reliques de Ste Bathilde reine de France vulgairement connue et dite Ste Berthe. Madame Veuve Bricon étant en possession de la chapelle Ste Berthe où était la ditte chasse lors de la Révolution Française. Donc cette année de concert avec nous curé d'Adon et curé de Gien, les susdites reliques, elle a fait raccommoder la dite chasse, fait faire des brancards neufs, et l'avons scellée après y avoir déposé les reliques enveloppées d'un sac blanc comme elles étaient autrefois et l'avons transportée dans l'église d'Adon pour être ensuite approuvée par Monseigneur l'Evêque lorsqu'il fera sa visite pastorale. Fait à Adon le six Octobre mil huit cent neuf, en présence de Mrs Louis jacques Carrière médecin à Chatillon sur Loin Jean Jacques Phelan curé de Rogny, diocèse de Troyes, qui ont signé avec nous.
Nota : une portion des reliques est restée à Gien dans une autre chasse.
Signé : Vannier Vve Bricon, Carrière, Phélan, Imbault ,Souesme curé d'Adon ,Vallet curé de St Louis de Gien.
Puis l'évèque d'Orléans, beaucoup plus tard, lors d'une visite à Adon en 1840, confirma cet acte (3) et l'autorisation d'exposition et de vénération par les fidèles:
Vivimus et recognovimus reliquias de quibus hic agitur venerationi fidelium exponi permissimus et permittimus
Adon 16 a maii 1840
Signé : + D.n. Episcopus aurelianensis
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Finalement c'est en 1866 que les reliques furent une nouvelle fois changées de châsse, par le Chanoine Hubert, curé d'Adon et de La Bussière ; c'est celle qui se trouve actuellement dans la niche centrale du Maître Autel.
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Une seconde relique, qui était restée à la Chapelle Ste Berthe, a rejoint la première à la désaffectation définitive de la Chapelle.
1881 : Remplacement des deux cloches
Le 13 novembre 1881, de nouvelles cloches furent installées dans le clocher. Elles étaient au nombre de deux et furent bénies par Mgr Bougeaud, archiprêtre de Gien. Nommées Charlotte-Eugénie et Marie Pauline et pesant respectivement 380 et 202 kg, elles ont été financées par un legs de Madame Virginie Bourguignon, née Liger, à la Fabrique d'Adon, dont pour l'occasion, le grand oncle devait être recommandé aux prières de la paroisse à perpétuité!
Ces 2 cloches sonnent toujours mais ont été électrifiées en1956 par la commune, avec une participation bugétaire de la paroisse (en la personne de l'abbé Papillon) à hauteur de 70%. (6)
1) Le Pouillé, nom issu du latin tardif «polyptychum» était un registre recensant tous les bénéfices qui étaient situés dans une étendue de pays déterminée, ici l'archevêché de Sens, qui dénombrait plusieurs milliers d'établissements religieux!
(2) Pouillés de la province de Sens publiés par Auguste Longnon, Imprimerie Nationale, 1904, BNF
(3) Archives paroissiales
(4) Lallemand était un prêtre du Chapître de Chatillon Coligny, qui avait été désigné par l'archevêque de Sens, Mgr Octave de Bellegarde, pour desservir la paroisse d'Adon à la mort du curé Pierre Jousset en 1626
(5) d'après le document de Solange Rameau-Decencière Ferrandière
(6) Archives communales (registres des délibération)