L'Eglise d'Adon (2)
Les Turbulences de l'Histoire
L'église d'Adon traversât les siècles, mais pas sans dommages. Les nombreuses tribulations qui secouèrent la région, comme le pays, ne l'ont pas épargnée, même si, à bien des égards, son destin fut, comparativement à d'autres églises, relativement préservé.
C'est la guerre de Cent Ans (1337-1453), qui marque le début d'une longue ère assez troublée dans la région.
En effet les prétentions de la couronne d'Angleterre, en la personne d'Edouard III, sur le royaume de France, et le soutien appuyé de celui-ci à l'Ecosse, ont fait partie des motivations menant à ce conflit.
Il fut en fait une succession de guerres entrecoupées de trêves s'étalant sur plus de 100 ans, et dont le théâtre des opérations fut mouvant au gré des intérêts publics, mais aussi très largement privés, des belligérants.
Pour ce qui nous concerne, la première alerte très sérieuse fut provoquée par Sir Robert Knolles en 1359, lorsqu'au retour de la prise d'Auxerre plus tôt dans l'année, il repartit par Châtillon sur Loing, qu'il avait conquis précédemment ;
Il fit dévaster et brûler Châtillon, consolidant ainsi un peu plus l'immense fortune amassée tout au long de ses batailles, et laissa ses troupes se payer sur ce qu'elles pouvaient trouver aux alentours : Adon, ainsi que tous les villages environnants, fut sur leur chemin !
N'ayant aucun témoignage écrit de cet évènement, on ne peut qu'imaginer la détresse des Adonnais à cette occasion, pendant laquelle l'église d'alors fut certainement pillée.
Et ce, au moment précis où sévissait la première épidémie de peste noire!
Deux siècles plus tard, la troisième guerre de religion débute, en Juillet 1568. Coligny échappe à un complot d'enlèvement par le roi Charles IX, et prend la tête des armées huguenotes dans l'ouest du royaume ou se déroulera l'essentiel des combats.
Mais pendant ces années 1568 et 1569, à notre niveau local, les rixes entre les protestants de Châtillon sur Loing et les catholiques de Gien, créèrent un va et vient de conflits. Adon se trouvait géographiquement au milieu des belligérants. Une fois encore, l'église fut sans doute prise à partie.
On peut remarquer à l'examen des registres paroissiaux, qu'à de très rares exceptions, la population d'Adon demeura fidèle à Rome et au catholicisme.
Puis, c'est en 1652, durant l'épilogue de la Fronde de Louis II de Bourbon surnommé le Grand Condé, qui opposa les loyalistes de Louis XIV, agé de 14 ans et réfugié au Château de Gien, et les troupes du Grand Condé, que les plus grosses atteintes à l'église d'Adon furent portées.
Cette bataille décisive eut lieu à Bléneau. Les troupes de chaque camp étaient stationnées dans toute la région.
Celles du Roi étaient à Boismorand, et celle du Grand Condé à Chatillon sur Loing.
Cette dernière, au nombre de 10 000 soldats, était en proie à la disette, et finit par se répandre dans les campagnes le 5 avril 1652, juste avant la bataille de Bléneau qui vit la victoire des troupes de Louis XIV commandées par Turenne.
Cette incursion fut violente et dévastatrice pour des villages comme Aillant sur Milleron, Dammarie sur Loing, et bien sûr Adon.
En effet, on trouve dans le document de Solange Rameau le texte suivant:
"les hommes du village (d'Adon) montèrent dans le clocher pour sonner le tocsin, mais inutilement. Les pillards mirent le feu à l'église (mais sans faire trop de dommage à l'édifice puisque le culte y fut rétabli au mois de Juillet suivant).
Les hommes descendirent alors du clocher à l'aide de cordes par deux petites fenêtres ceintrées dans le pignon au dessus du châpiteau. pendant ce temps là, les soldats pillaient et brûlaient les maisons"
Quelques traces de cet incendie, essentiellement des pierres calcinées, ont été retrouvées, et changées, lors de la dernière restauration, en 1992.
On peut également remarquer dans les registres paroissiaux que les mois de Janvier à Juin sont manquants, probablement détruits au cours de l'incendie, les inscriptions ne reprenant qu'en Juillet.
Finalement, les Révolutions de 1789 et 1792 n'ont pour ainsi dire pas affecté l'église, puisque le curé résidant, Pierre Etienne Souesme, continua de dire la messe, et fût même le premier Officier d'Etat Civil à partir du 1er janvier 1793, marquant ainsi une transition douce entre les registres paroissiaux et les nouveaux registres d'état civil, l'ancien et le nouveau régime.